Melody’s Echo Chamber: « Emotional Eternal »

Sur Emotional Eternal, le nouvel album de Melody’s Echo Chamber, sa pop baroque et électrique s’éloigne du maximalisme de ses précédents travaux pour se rapprocher d’une sobriété réfléchie et réaliste. En comparaison avec ses autres œuvres, bien sûr. Son « minimalisme » est toujours, il est vrai, assez maximaliste et sa « sobriété » est toujours enivrée d’euphorie extatique. Plusieurs fois sur le disque, en français et en anglais, elle parle de l’odeur du pin, et c’est comme si elle s’était échappée dans les bois, qui semblent nous adoucir, où elle réfléchit à la préciosité de la vie et au besoin de chansons pour nous remonter le moral, avec des airs à la fois ludiques et matures. « Nature gives and then takes back / It makes me emotional eternal » (La nature donne et reprend ensuite / Elle me rend éternellement émotionnelle), chante-t-elle sur la chanson titre aux accents de rock classique.

Alors que son travail précédent frappait l’auditeur par sa grande énergie, il semble qu’avec l’âge et l’expérience, Melody Prochet ne ressente plus autant le besoin d’impressionner ou de surprendre par sa prestation. Les chansons sont toujours remplies de basses merveilleuses, de cordes et de sa voix d’une douceur indélébile ; les arrangements sont aussi complets que tout ce que l’on peut entendre dans la musique moderne. Cependant, en écoutant l’album, on se retrouve partagé entre la comparaison avec son ancien travail et le fait d’être emportée dans la direction différente qu’elle a prise.

« Constellation of love / I know that dream / It can’t be real / Where do you come from ? » (Constellation d’amour / Je connais ce rêve / Il ne peut pas être réel / D’où viens-tu ?) chante-t-elle sur le très réfléchi « Looking Backward ». Et on pourrait dire la même chose de Prochet, qui est à la fois hors de son temps, comme un fantôme, et très très présent. C’est ce que l’on ressent en écoutant cet album : la sensation de quelque chose d’étranger et de familier à la fois qui donne un sens à sa poésie évocatrice, bien qu’il n’y ait pas grand-chose qui puisse se comparer à la langue française en termes de beauté et de romantisme.

En français, sur la troisième piste funky et lourde en guitare, « Pyramids in the Clouds », elle chante : « Toutes ces années / Que j’ai perdues / Piquées à l’encre noire / Fleurs sauvages des îles perdues / J’aime ces vies / Que j’ai parcourues…  » (All these years / That I lost / Quilted in black ink / Wildflowers from the Lost Islands / I love these lives / That I have traveled . Elle traduit ses expériences épiques en grande forme, même si les paroles peuvent parfois être répétitives et moins poétiques qu’à d’autres moments.

Dans l’ensemble, l’album dégage une impression surprenante de « rock classique », bien que couché dans une pop baroque, comme si elle et son « Triangle des Bermudes » avaient écouté en boucle les groupes prog et jam des années 70. C’est à la fois satisfaisant et désillusionnant. Peut-être la meilleure façon de décrire cet album, qui touche aux hauts et aux bas de la vie : satisfaisant et désillusionnant. Il y a peu de gens qui font de la musique comme Melody’s Echo Chamber en ce moment, et on peut voir ces chansons trouver un vrai foyer et être des aides à la vie pour ses fidèles auditeurs, comme elles l’ont certainement été pour elle.

***1/2

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