Honeyglaze: « Honeyglaze »

Le trio du sud de Londres qu’est Honeyglaze – composé de la chanteuse Anouska Sokolow, du bassiste Tim Curtis et de Yuri Shibuichi à la batterie – n’a peut-être pas la grandiloquence des précédents signataires du label Speedy Wunderground de Dan Carey, mais en écoutant attentivement leur premier album, le groupe se révèle d’une profondeur étonnante. Recueillis par Carey après une courte résidence au Windmill, Honeyglaze propose une indie-pop aride et baroque, proche des Orielles ou de Cate Le Bon, rendue froide et étrange par l’excellente mélodie folk anglaise de Sokolow. Si les premiers titres de l’album manquent de personnalité –  » Creative Jealousy « , en particulier, le disque méritera pourtant des écoutes répétées.

Prenons l’exemple de « Burglar », un titre progressif et inquiétant : avec ses six minutes, sa durée plus longue laisse bien mieux la place au penchant du groupe pour les crochets en forme de trappe et les grooves lénifiants qui se réveillent et se rendorment soudainement comme s’ils étaient frappés d’une malédiction. Deep Murky Water « , un autre morceau marquant, reprend courageusement le riff de  » Don’t Let Me Down  » des Beatles, et utilise des paroles surréalistes et des harmonies hivernales pour renforcer l’ambiance de résignation romantique de cette chanson. Lorsque Sokolow prononce des paroles telles que « You know my body like no-one else does », c’est avec une ambiguïté sévère capable de blesser sérieusement.

« Female Lead « , qui plonge dans la boîte à pansements et trouve un sens de l’humour encore inexploré, est formidablle et le dernier titre de l’album,  » Childish Things « , est une vaste nuit noire de l’âme qui évoque  » Who Knows Where the Time Goes  » de Fairport. Il y a de quoi alimenter le soupçon que ce groupe pourrait valoir une douzaine de contemporains post-punk plus évidents du sud de Londres.

Ce premier album aurait-il pu être amélioré par des arrangements plus complets et peut-être une plus grande expérience de la scène ? Bien sûr, mais le fait que le groupe mentionne Broadcast à plusieurs reprises dans des interviews suggère des domaines spectraux où ce projet pourrait sûrement mener à l’avenir. Un début discret mais très engageant. Il faudra patienter un peu pour savoir si la saveur initiale de l’album se confirme..

***

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

%d blogueurs aiment cette page :