L‘approche indie-pop des Jeanines est la simplicité même. Le duo composé de la chanteuse/guitariste Alicia Jeanine et du bassiste/batteur Jed Smith ne fait rien de compliqué ; il se contente de faire des disques qui capturent parfaitement l’esprit de C-86, sans chichis, et de livrer de grandes chansons avec du cœur et un sens aigu du détail. Leur premier album éponyme était parfois un peu hésitant, comme s’ils étaient encore en train de chercher à savoir exactement à quoi ils voulaient ressembler. Avec Don’t Wait for a Sign, tout devient plus clair. Les chansons sont plus tendues, la production est plus percutante et, surtout, Jeanine a l’air plus sûre en tant que chanteuse. On ne la confondra jamais avec Adele, mais sa voix rocailleuse transmet autant de chagrin, de joie et d’incertitude que n’importe qui travaillant deux fois plus dur. La façon dont elle minimise les émotions s’accorde parfaitement avec la batterie discrète, la basse mélodiquement agile et les guitares qui s’entrechoquent. Plus encore que le premier album, celui-ci est rempli de chansons qui ne se contentent pas de rappeler les points forts des groupes indie pop précédents, mais qui demandent à être considérées dans le même esprit. Le morceau d’ouverture « That’s Okay » est un morceau de pop court et vif qui associe une assurance chaleureuse à des harmonies vocales ; « Any Day Now » a des progressions d’accords magiques, un refrain agréable et, encore une fois, des harmonies vocales de premier ordre, tandis que « People Say » est une belle ballade midtempo qui a la tristesse du premier Aislers Set incorporée et un jeu de guitare néo-psychique par-dessus.
Ce ne sont là que les trois premières chansons, et la sortie est déjà profondément ancrée dans la mémoire ; le reste de l’album ne manque pas de rythme. Jeanine et Smith s’appuient sur le cadre qu’ils ont établi de manière intéressante sur « Got Nowhere to Go », qui ressemble à un single de Beau Brummels, s’enfoncent dans la mélancolie sur la chanson larmoyante « Never Thought », et ajoutent des guitares acoustiques à « Turn on the TV ». Les changements sont mineurs mais ils fonctionnent bien pour élargir le son de manière importante. Les Jeanines se sentent toujours très à l’aise et presque douloureusement racontables ici ; la différence est similaire à l’augmentation du contraste sur un écran ou à la syntonisation d’une station de radio légèrement floue : tout saute un peu plus et coupe un peu plus profondément. Parfois, sur leur premier album, ils avaient l’air d’un groupe de fantaisie avec leur approche rétro parfaite, mais ici, ils sonnent comme un groupe sérieux, du genre à briser des cœurs et à changer des vies.
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