C’est avec enthousiasme qu’on peut se porter volontaire pour chroniquer ce nouveau disque de Quaker Wedding lorsque l’occasion s’est présentée.On a pu apprécier leur précédent album sorti en 2020, et surtout le single « Russian Hill » sorti l’année dernière. Ces deux chansons apparaissent également ici, et le groupe continue sa trajectoire ascendante sur leur nouvel LP Total Disarray.
Fournir un certain contexte à ce disque convient néanmoins à comprendre d’où il vient.
Le combo est originaire de New York, mais le leader/bassiste Marco Reosti est retourné chez lui à Detroit pour une longue période pendant la pandémie, et a découvert qu’il avait laissé certaines choses derrière lui. A savoir, des sentiments. Bien qu’il ait divorcé il y a cinq ans, revenir sur la scène du crime a rouvert beaucoup de ces vieilles blessures.
La première chanson de l’album raconte qu’il a trouvé la robe de mariée de son ex-femme dans un placard. Dans la chanson suivante, il chante : « Maintenant, je sais ce que ça fait d’être un fantôme. De hanter l’endroit que j’aime sans les personnes qui me manquent le plus » (Now I know how it feels to be a ghost. To haunt the place I love without the people I miss most). Voilà un retour à la maison qui n’est pas facile.
Le groupe est capable de capturer la même qualité de tristesse que Jawbreaker, Tiltwheel et Broccoli, ce qui le place vraiment dans la haute société du punk rock mélancolique. Cette capacité ne découle pas seulement du sujet traité, mais aussi (et peut-être même surtout) de la façon dont une note aigre correctement jouée peut susciter une réponse émotionnelle. Beaucoup de groupes peuvent sonner comme Jawbreaker, mais peu d’entre eux sont comme eux. Mettez « Staten Island Ferry » de Quaker Wedding, et vous allez y sentir Jawbreaker.
Une autre comparaison stylistique qu’il est difficile d’ignorer est Needles//Pins. La différence la plus notable est que Quaker Wedding a un peu plus de vitesse dans sa voix, ce qui rend les parties graveleuses plus efficaces, plutôt que fatigantes après plusieurs écoutes. Il s’agit d’un disque sans prétention, honnête, adulte et humain, sur la perte et la récupération compliquée. Les paroles, l’instrumentation et l’ambiance générale se rejoignent de manière agréable à travers les vignettes inconfortables que le groupe illustre dans ses chansons.
On peut donc espéréer que cet album a apporté au groupe un certain soulagement cathartique et que le temps lui permettra d’aller vers quelque chose de plus abouti.
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