Deanna Petcoff s’est fait un nom sur la scène musicale de Toronto grâce à son rock indie empreint d’amour et de désespoir. Son premier album complet, To Hell with You, I Love You, est un album pour les romantiques sans espoir. Chaque chanson contient à elle seule sa propre émotivité nuancée. De l’autodérision « Trash Bag » à la ballade déchirante au piano « Sing with Me », les paroles de Petcoff montrent qu’il y a plus sous la surface qu’il n’y paraît à première vue. Dans son ensemble, To Hell with You, I Love You brosse un tableau d’amour, de perte et de nostalgie.
Sur le morceau d’ouverture « Failing Upwards », le premier goût de l’écriture de Petcoff arrive avec un shuffle rêveur et une accroche qui ne demande qu’à être chantée. Le refrain, « Je sais que tu n’essaies pas de me briser le cœur, mais tu fais un travail formidable / Et je t’ai dit que je n’essaie pas de perdre ta confiance, mais au moins j’échoue vers le haut » remplit une mélodie qui monte en flèche, plaçant les paroles les plus importantes et les plus parlantes à côté de la partie la plus accrocheuse de la chanson.
C’est une technique que Petcoff utilise avec beaucoup d’effet sur des morceaux comme « Devastatingly Mediocre » où elle se demande « Pourquoi je cherche toute la nuit pour avoir la chance de dire ton nom ? » ou « That’s What I Get » avec la complainte « That’s what we get for always playing pretend, that’s what we get for always saying it’s fine / it hurts to know that we can’t even be friends, that’s what we get » (C’est ce qu’on obtient en jouant toujours à faire semblant, c’est ce qu’on obtient en disant toujours que tout va bien / ça fait mal de savoir qu’on ne peut même pas être amis, c’est ce qu’on obtient…).
Ces accroches transmettent des idées émotionnelles complexes – comme se demander pourquoi on se laisse tomber sur quelqu’un qui ne correspond pas à nos critères, ou savoir qu’il faut tourner la page d’une relation même si on ne le veut pas – de manière courte et mémorable. Petcoff élargit son propos dans les couplets avec des guitares propres et balayées par le vent.
Cette esthétique n’est pas révolutionnaire, mais Petcoff trouve toujours un espace à explorer dans les styles qu’elle a choisis pour ce projet. Des morceaux plus optimistes comme « I Don’t Wanna Get Over You » et « Failing Upwards » ont un aspect éthéré, mais dynamique, et se rapprochent du rock garage avec des riffs qui rappellent l’apogée du rock indépendant de la fin des années 2000 et du début des années 2010.
Pendant ce temps, les morceaux profonds à combustion lente offrent une certaine variété. « As Much As I Can » présente une guitare rythmique acoustique pincée et des rimshots en écho qui donnent à la mélodie un air de bossa nova. « I Didn’t Lie » commence par des percussions numériques très bedroom pop, mais se transforme rapidement en une grandiose houle de cordes et de voix. La chanson « Sing with Me », qui clôt l’album, n’est composée que de piano et de la voix silencieuse de Petcoff, ce qui est exactement ce qu’il faut pour laisser transparaître l’impact de son écriture.
Il y a une honnêteté dans la musique de To Hell with You, I Love You. Bien que certains morceaux soient plus mémorables que d’autres, ils servent tous à mettre la voix et les mots de Petcoff sous les projecteurs, là où ils doivent être. Ses chansons sont confessionnelles et intimes, chaque mot et chaque note sont porteurs d’émotion ; elle peut vous donner envie de pleurer à chaudes larmes dans un souffle, puis de danser pour faire disparaître les larmes dans le suivant. To Hell with You, I Love You partage un morceau du cœur de Petcoff qui vous demande de chanter avec elle.
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