Christopher Trapani: « Horizontal Drift »

Pour les six œuvres de son album Horizontal Drift, le compositeur Christopher Trapani a choisi un éventail inhabituel d’instruments capables de produire un monde sonore fait de micro-tons et de timbres étendus.

L’album s’ouvre sur une pièce pour cor-violon roumain (joué par Maximilian Haft), un violon doté d’un résonateur métallique et d’un cor utilisé pour l’amplification. Le son est étroit et mince, comme un enregistrement de violon du début du XXe siècle. L’écriture de Trapani pour cet instrument consiste en des gestes contemporains, mais même avec l’électronique qui augmente la voix naturellement peu naturelle de l’instrument, la pièce conserve un écho du milieu folklorique dans lequel le cor-violon est habituellement rencontré. L’album se termine par une deuxième pièce pour instrument à cordes frottées, Tesserae, écrite pour la viole d’amour, un alto de l’époque baroque remarquable par son éventail de cordes sympathiques. Trapani évite un son évident, quasi baroque, pour une mélodie qui incorpore des ornements glissants rappelant la musique vocale hindoustani. Elle est jouée avec sensibilité par Marco Fusi.

Trois passages ont été composées pour des instruments accordés de manière non conventionnelle. « Linear A », qui tire son nom de l’ancienne écriture minoenne encore non déchiffrée et qui est interprétée par Amy Advocat, est pour clarinette accordée sur la gamme de Bohlen-Pierce à 13 degrés, avec des boucles en direct, un mécanisme qui met en branle un contrepoint sinueux de mélodie auto-répliquée. Le tryptique « Lost Time, » pour piano scordatura (joué par Marilyn Nonken), est une sorte de dialogue entre Bob Dylan, dont les paroles fournissent les sous-titres des mouvements et donc les connotations émotionnelles, et le compositeur spectraliste Gerard Grisey, dont l’idée des diverses manières subjectives d’expérimenter le temps en musique établit le programme de la charge texturale de chaque mouvement individuel. « Forty-Nine, Forty-Nine », pour orgue de barbarie accordé sur une gamme à 31 degrés, se tient juste à côté du chaos harmonique total. Pour le morceau titre, avec le guitariste Daniel Lippel à la guitare à quarts de ton, Trapani crée une atmosphère sonore électroniquement augmentée et spatialisée de façon complexe, faite de notes uniques et de fragments harmoniques retardés et superposés, qui donnent à la pièce une qualité ondulante et magnifiquement troublante, semblable celle qui viendrait d’une harpe.

***1/2

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