Duster: « Together »

Il ne faut pas longtemps à « New Directions », le premier morceau du quatrième album de Duster, Together, pour que la phrase suivante soit marmonnée : « J’ai perdu la main, je suis devenu vieux et j’ai transformé de la poussière en or » (I’ve lost hold and become old and turned some dust to gold . C’est une bonne chose, non seulement un commentaire conscient de soi de la part d’un groupe vieillissant, mais aussi une référence artistique à la chanson « Gold Dust » sur Stratosphere, le premier album culte du groupe en 1998, et une reconnaissance précoce de la préoccupation principale de cet album : une contemplation du passage du temps et des souvenirs lointains.

Duster est l’un de ces rares groupes dont le statut a été renforcé par l’absence, leurs deux premiers albums étant largement cités comme influents et emblématiques pendant leur très longue interruption. Le groupe a ensuite sorti un album de retour éponyme très impressionnant en 2019 (leur meilleure œuvre, pour beaucoup). Et maintenant, il y a un quatrième LP dans le catalogue de Duster, Together, une sortie bien réelle mais assez inattendue.

Puisque ce disque est une sortie surprise, il y a une certaine ironie dans le fait que la musique présentée sur ce disque est très typique de l’ouvre de Duster. En d’autres termes, si vous entrez dans cet album en vous attendant à des chansons qui sonnent comme des chansons de Duster par défaut (bien qu’avec des valeurs de production plus élevées que leurs premières productions), vous ne serez pas du tout choqué ou déçu. Tout est là : des vibrations slowcore dépressives qui évitent les franges les plus extrêmes du genre, un sentiment étrange d’espace, et le crunch sombre des riffs qui, d’une chanson à l’autre, peuvent parfois pencher plus vers le grunge ou plus vers le shoegaze.

Comme d’habitude pour Duster, ce n’est pas vraiment une écoute « excitante » (même si le travail de guitare est un peu plus lourd que d’habitude par endroits), mais plutôt une collection satisfaisante de morceaux bien construits avec un sens notable de l’atmosphère. L’âme de l’album reste insaisissable, le groupe prenant soin de maintenir une certaine ambiguïté dans sa musique, mais il y a clairement un sentiment de mélancolie et de solitude agité, à rebours, qui s’insinue, illustré dans « Teeth » par la ligne plaintive « les étoiles semblent plus proches que toi ». (The stars seem closer than you do). Ou, comme il est dit clairement plus tard dans l’album dans « Feel No Joy », « le temps est venu et est parti » (ime came and went). Derrière les paysages musicaux brumeux, des chuchotements vocaux luttent pour faire passer leur message, pour exprimer l’inexprimable, ce qui fait partie de la beauté particulière de la chose.

Bien que réduit à un duo plutôt qu’à un trio (Jason Albertini ne fait pas partie de la formation pour cet album), Duster ne prend pas une nouvelle direction musicale sur Together. Cette stase ne risque pas d’être trop controversée par les fans, car la faible production du groupe à travers les décennies empêche leur style quasi unique de s’épuiser, du moins pour l’instant. Que l’on s’attende ou non à d’autres morceaux de Duster (probablement le dernier), il est bon de les avoir. Together est une œuvre finement élaborée qui devrait résister à l’écoute dans des circonstances très variées, et qui se sentira probablement aussi à l’aise au milieu des arbres squelettiques balayés par le vent à la fin de l’automne que sous le porche par une soirée d’été humide. En somme, il y a de quoi se réjouir, les garçons tristes sont de retour..

***1/2

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