The Star Pillow: « We Were Never One »

Une élégance poudrée recouvre chaque boucle et chaque facette de la dernière création de Paolo Monti, The Star Pillow, We Were Never One. En tant que bande sonore d’un spectacle de danse contemporaine de la chorégraphe autrichienne Karin Pauer, les espaces sonores qu’il remplit et les formes serpentines qui s’ensuivent s’appuient sur les idées de mouvement et de finesse. Au-delà de la façon dont il fonctionne en conjonction avec les mouvements de Pauer, We Were Never One est fascinant et émouvant en soi, avec des paysages multicolores remplis de grâce émotionnelle et d’arrangements timbraux profonds.

L’album s’ouvre sur de doux sons atmosphériques. Les oiseaux gazouillent dans la nuit et l’eau coule doucement dans une obscurité inconnue sur « Sounds of Extinction », le tout tourbillonnant comme un rêve enchanté. Monti construit des montagnes électriques à partir de guitares superposées comme si elles étaient des roches sédimentaires racontant l’histoire de ce monde. La distorsion grince à la surface avant d’être chassée, laissant la poussière suspendue dans l’air comme un brouillard de silicate. Les mélodies répétitives se replient sur elles-mêmes pour que le courant sous-jacent résonnant puisse trouver son chemin dans le feu. C’est une musique expressive, désespérée et perdue, mais qui ne cherche pas nécessairement à être retrouvée.

Avec un peu moins de 70 minutes, We Were Never One est tentaculaire, un récit épique dont le caractère poignant s’accroît avec chaque morceau. Des progressions d’accords pensifs s’étirent sur des cordes à l’archet sur « The Death of Small Promises ». La nature mélancolique de chaque note est soutenue par le bourdon sous-jacent, qui donne l’impression de pouvoir se briser en morceaux à tout moment. « Ocean of Sadness » est maximal, bruyant. L’abîme nous guette tous, mais Montil élabore des arrangements lourds mais émotifs pour saisir chaque dernier instant avant le crépuscule final. C’est corrosif et magnifique, tandis que les profondeurs concises de « Bodies Tumbled Into Bodies » donnent l’impression que les lourdes prises de conscience ont été empilées trop haut et que les fils qui tenaient tout ensemble sont en train de lâcher.

Il faut admettre que l’on a pas vu le spectacle de danse de Karin Pauer qui accompagne We Were Never One, mais si l’on en croit l’étendue du terrain sonore, il doit être magique et imposant. Dans les derniers instants de « You’ll Remember This Encounter Forever », le fuzz est implacable et la catharsis fait place à une trêve impermanente. Alors que les dernières notes résonnent dans le néant, Montil peut à nouveau respirer et The Star Pillow se tait pour un autre long repos. We Were Never One est un voyage mémorable.

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