Beaucoup de choses ont changé depuis que The Regrettes étaient un groupe de punk adolescent sur la route, se faisant un nom comme le futur de la scène punk féministe. À l’écoute de leur nouvel album, Further Joy , on pourrait oublier que l’on écoute le même groupe. Remplaçant les guitares par des synthétiseurs, Further Joy est un album purement pop, plein d’accrocheurs et d’un sens aigu de l’anxiété qui transparaît tout au long du disque.
L’anxiété et l’insécurité se manifestent de nombreuses façons dans Further Joy, qu’il s’agisse de la pression constante pour être meilleur ou de la lutte pour fonctionner dans la vie quotidienne (‘Monday’). La plus poignante de ces représentations se trouve dans » You’re So Fucking Pretty « , où Night jongle avec la peur d’être rejetée par une personne pour laquelle elle éprouve des sentiments forts et avec le fait d’accepter sa propre identité. Alors que les paroles précédentes étaient plus ouvertes et nerveuses, Further Joy est plus pensif et tourné vers l’intérieur, racontable d’une manière différente. Et c’est sur ces thèmes complexes et pertinents que Further Joy trouve vraiment sa force, dissimulant des sentiments évocateurs d’insécurité derrière des styles pop accrocheurs, comparables à Prioritise Pleasure de Self Esteem.
Malgré le sentiment d’anxiété qui domine, c’est un album sur lequel on peut danser, qu’il s’agisse de morceaux plus calmes comme « Subtleties (Never Giving Up On You) » ou de « La Di Da », une chanson pop plus classique et optimiste. Plus tard dans l’album, nous entendons des sons de tendance indie sur » Better Now « , où la guitare électrique fait un retour plus marqué dans le refrain. Une fois de plus, c’est une ambiance différente de celle des parties plus conviviales de leur catalogue : les concerts à venir vont probablement osciller entre les fosses et la danse au fur et à mesure que leurs nouveaux morceaux trouvent leur place dans la setlist.
Une chose que l’on peut dire à propos des Regrettes sur Further Joy, c’est qu’ils savent comment créer une accroche inoubliable, à commencer par les synthés s’insinuant dans l’oreille de ‘Out Of Time’, et le son ’80s’ toujours bienvenu de ‘Step’. Cependant, il manque une certaine étincelle sur l’album que l’on peut trouver dans des titres comme » Pumpkin » et » « California Friends » sur leurs albums plus basés sur la guitare. Bien qu’ils reviennent à cette forme sur » Nowhere « , cela signifie qu’il faut quelques écoutes pour vraiment entrer dans le nouvel album et apprécier sa profondeur.
Pour un groupe aussi jeune, ils ont une expérience incroyable (la première itération de The Regrettes s’est formée lorsque la chanteuse Lydia Night n’avait que 12 ans). Aujourd’hui, ils utilisent cette expérience de la scène alternative et la canalisent dans la production pointue d’un album pop. Ce changement d’orientation ne devrait pas être un grand choc : cela fait déjà un certain temps qu’ils s’orientent régulièrement vers des domaines plus pop. Bien sûr, ceux qui sont restés fidèles à la morsure punk de morceaux à guitares comme ‘Poor Boy’ ne trouveront pas ce qu’ils cherchent sur le nouvel album, mais Further Joy a le potentiel d’amener un tout nouveau public dans leur fanbase… mais espérons qu’ils n’ont pas quitté leurs racines punk pour de bon.
***1/2