Kaja Draksler déclare que « en tant que personne qui parle et comprend différentes langues, j’ai l’impression que mon identité est multiple, que je dois perdre quelque chose en moi pour laisser entrer en moi l' »esprit » d’une nouvelle langue. Je dois perdre quelque chose en moi pour laisser entrer en moi l’’esprit’ d’une nouvelle langue. Ainsi, je suis constamment en train de devenir moi-même un étranger ».
En construisant cet album, Kaja s’est efforcée de développer des langages musicaux spécifiques pour chaque pièce. Elle a essayé de se limiter à maintenir chaque langage, bien que, comme elle le souligne, des « fuites » se soient produites et que les morceaux aient fini par s’influencer mutuellement, comme le font les langues parlées.
Kaja s’inspire du vaudou. Son intention est de prendre possession du rythme, de la pulsation et de la mélodie, tout en laissant la musique prendre possession d’elle. De cette façon, elle influence le contexte, mais elle laisse aussi le contexte l’influencer. Elle est l’une de ces musiciennes capables d’exploiter le paradoxe consistant à combiner composition et improvisation ouverte, parfois au sein d’un même morceau. Elle est très consciente que la structure et la liberté peuvent être aussi bien un fardeau qu’un atout et elle utilise ces paramètres à son avantage.
Le titre de l’album provient d’un vers du poème « Aquoueh R-Oyo » de Cecil Taylor, et les objectifs de Draksler pour ce corpus de travail résonnent davantage avec le poème : Les objectifs de Kaja pour cet ensemble d’œuvres sont en résonance avec le poème : « établir une relation instantanée et construire une concomitance », « capturer l’instinct sombre » ou « jouer ce que l’on entend ». Le fait que Draksler fasse référence à l’héritage afro-américain en tant qu’artiste européen formé à la tradition du jazz témoigne de la complexité de ses « langages » et de la conscience qu’elle a de sa position dans cette lignée culturelle. Dans In Otherness Oneself, Kaja Draksler crée des langages et laisse parler ses identités.
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