Il y a une facilité avec laquelle le sextet britannique de noise pop-punk Thumper fait son travail en prenant des chansons accrocheuses et radiophoniques et en les développant, les tirant doucement vers des territoires plus expansifs. Ceci est résumé dans un texte de la première piste « Fear of Art' » où Oisin Leahy Furlong nous fait savoir : « Ce ne sont que des mots, et ce n’est qu’une chanson » (These are just words, and this is just a song). C’est cette approche décontractée qui leur permet de faire évoluer des morceaux de trois minutes vers des produits plus longs crédibles, psychédéliques et teintés de rock alternatif, atteignant les sept minutes et plus, sans que cela ne semble forcé ou artificiel, ou sans perdre la qualité ou l’attention de l’auditeur.
Il s’agit d’une astuce astucieuse, à laquelle les Wildhearts étaient particulièrement habiles, et pour laquelle Thumper semble avoir un talent certain.
Avec un son qui a beaucoup de pop alternative de la fin des années quatre-vingt-dix, avec des éléments de Smashing Pumpkins, les Wildhearts susmentionnés et des soupçons de Weezer et Ash, qui a grandi et englobe le boom indie des années quatre-vingt, ainsi qu’une touche de prog et de Psych mélangée à un peu de Royal Blood pour faire bonne mesure, c’est un cocktail fort et puissant que les six membres de Dublin ont préparé.
Le premier « single », « Ad Nauseum », peut être un point de départ évident avec ses crochets inspirés des Hives, mais c’est vraiment lorsque les chansons s’ouvrent naturellement, comme la démarche assurée de la mesurée « Greedy Guts », le centre du coda sur la pétillante « 25 », ou l’exploration sombre de « Topher Grace « qu’elles prennent tout leur sens. Et bien que l’avantage d’avoir deux batteurs ne soit pas vraiment exploité sur le disque – bien qu’il ajoute une touche sonore cool lorsqu’on l’écoute au casque – il sera sans aucun doute plus efficace dans l’environnement live comme contrepoint aux moments et mélodies plus ensoleillés, en particulier sur le groove façon Queens of the Stone Age sur « Overbite » ou le point culminant vibrant qu’est « Loser » ».
Une vision très bien réalisée, avec un titre plein d’autodérision en prime, ce premier album prouve que ce ne sont pas des illusions de grandeur, mais une première profession de foi on ne peut plus forte.
***1/2