Sophia Jani: « Music as a Mirror

Les débuts littéraires de Sophia Jani sortent juste au bon moment, alors que l’hiver se transforme en printemps.  L’éveil de cette musique est comme celui des pétales au soleil.

En novembre dernier, Jani s’est présentée au monde avec le morceau « The dark and the light and everything in between », inspiré du poème de Charles Bukowski « Mind and Heart »  Ce titre a marqué un tournant pour la compositrice, qui semblait avoir trouvé sa voix lors de sa création.  La nouvelle phase de Jani est devenue le point d’ouverture de l’album : des cordes qui dansent, s’arrêtent et dansent à nouveau, comme si elle choisissait entre deux personnalités et réalisait qu’il n’est pas nécessaire d’en écarter une ; comme elle l’écrit, « léger et sombre à la fois » (light and somber at the same time).

La chanson-titre est écrite pour un quintette à vent, faisant écho au traité de Robert Greenberg, Music as a Mirror of History, mais en enlevant les deux derniers mots.  Cette légère modification rend la composition encore plus personnelle et construit un pont que l’auditeur peut traverser.  Pour le compositeur, la musique est le miroir de l’âme ; pour l’auditeur, une collection musicale peut être le miroir d’une vie.  La composition de treize minutes, interprétée par le Dandelion Quintett, reste confiante et active tout au long de son temps de jeu, une force imparable et colorée.

« Everybody was so young » est une œuvre en deux parties, dont le titre est tiré du roman historique du même nom d’Amanda Vaill, une histoire d’amour dans laquelle le couple croise la route d’Hemingway, Fitzgerald, Picasso, Porter, Parker et d’autres personnages célèbres.  C’est un sujet intéressant à aborder pour un jeune compositeur : regarder la fraîcheur de la jeunesse, comme une vieille âme.  La retenue dolente du premier mouvement fait preuve d’une maturité louable, mettant en place les ébats du second.

Puis arrive le cœur de l’album, basé sur la première strophe de « Daisy Time » » de Marjorie Pickthall : «  See, the grass is full of stars, Fallen in their brightness ; Hearts they have of shining gold, Rays of shining whiteness » (Voyez, l’herbe est pleine d’étoiles, Déchues dans leur éclat ; Elles ont des cœurs d’or brillant, Des rayons d’une blancheur éclatante).

La métrie correspond à celle de « Good King Wencesla », mais Jani choisit une direction différente avec une suite de 19 minutes en sept mouvements interprétée par l’ensemble Kontai.  La composition alterne entre la réflexion ~ le regard vers le bas, comme vers l’herbe tachetée de rosée ~ et l’émerveillement reconnaissant.  Le poème traite le rajeunissement terrestre comme une manne, et les cordes offrent une réponse proportionnelle. « Part IV » s’écarte du scénario, introduisant une tension bienvenue, s’effondrant sur elle-même, ouvrant la voie à la résolution.

L’album s’achève sur un autre titre tronqué, « Andrà », un mot italien qui se traduit généralement par » andrà tutto bene »,tout ira bien. Cette interprétation comprend un jeu de mots, fine signifiant la fin d’une composition.  Tandis que Carlos Cipa joue ddes touches du piano, l’auditeur tente d’intégrer cet espoir, à savoir qu’à travers la guerre, la famine et la maladie, il est toujours possible de découvrir la paix intérieure, portée par les courants du printemps et les étoiles tombées, qui brillent dans le ciel.

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