Le calme est revenu autour de Peter Doherty. Du moins lorsqu’il s’agit des gros titres de la presse à sensation. Rien d’étonnant à cela, puisque l’ex-Libertine vit depuis quelque temps isolé dans un petit village de la côte normande. Au lieu d’errer dans les rues de Londres, il préfère se promener dans la forêt avec ses chiens. Il ne possède même pas d’ordinateur ou de téléphone portable, explique Doherty dans l’interview. Récemment, le chanteur, qui dit être abstinent depuis deux ans, s’est marié avec Katia de Vidas, sa collègue de groupe au sein des Puta Madres. Peter Doherty semble donc être arrivé, et cela s’entend dans The Fantasy Life of Poetry & Crime.
Le Britannique semble avoir les pieds sur terre. Alors qu’auparavant, il marmonnait à travers les lignes de ses chansons, il est désormais étonnamment clair. Il n’a en aucun cas perdu de son charme. Il faut bien sûr noter que l’album n’est pas un projet solo de Doherty. Frédéric Lo, qui compose la musique et a déjà collaboré avec des grands noms de la musique comme Stephan Eicher et Pony Pony Run Run, joue un rôle tout aussi important.
Lo et Doherty se sont rencontrés dans le cadre d’un projet d’hommage au musicien Daniel Darc. Comme Doherty n’avait plus composé de nouvelles chansons à la guitare depuis deux ans par manque d’inspiration, il s’est concentré exclusivement sur les paroles. Ce qui est remarquable, c’est que les mélodies sonnent parfois comme si elles avaient été écrites par Doherty. A la différence que les chansons – et c’est là que la fine plume de Lo entre en jeu – sont produites jusque dans les moindres détails.
La pop se mêle à des éléments de chansons, parfois des cordes et des cuivres s’y ajoutent, à d’autres moments le piano domine. The Fantasy Life Of Poetry And Crime ouvre l’album de manière pompeuse avec des cuivres, des violons et une guitare. « The Epidemiologist » est un morceau de piano à cordes silencieux dans lequel Doherty jette un regard sur le rôle des épidémiologistes : « I search and I search / I lurch headlong into atrocities / With an exponential known only to epidemiologists » (Je cherche et je cherche / Je fonce tête baissée dans les atrocités / Avec une exponentielle connue seulement des épidémiologistes), chante-t-il. Sur « Yes I Wear A Mask », le troubadour reprend également de manière métaphorique un thème de la coronapandémie. « Oui, je porte un masque – en moi », admet Doherty.
« Rock & Roll Alchemie » fait penser aux Babyshambles et est plus rapide. « The Monster » sonne comme si l’intro avait été composée par Yann Tiersen, mais les mélodies s’assemblent ensuite avec délicatesse en un morceau violon-guitare dans lequel la voix de Peter joue le rôle principal. C’est le point culminant de l’album.
Avec « Abe Wassenstein », on peut facilement imaginer que les chansons du disque ont été écrites à la table de la cuisine. Frédéric Lo prend la guitare en main, Doherty fredonne les premières lignes et les fragments d’une nouvelle chanson se forment lentement. Insouciant, spontané, dans le plus pur style de l’auteur-compositeur-interprète. Ne nous restera plus qu’à espérer que ce ne sera pas la seule collaboration entre les deux artistes.
***1/2