Tilth est un monument à la tranquillité. Rock Music est le dernier d’une série de longs métrages exploratoires et le premier depuis le stellaire Country Music en 2015. Leur musique ne se soucie pas de la direction changeante des vents ou des mouvements légers de la vie contemporaine, mais plutôt, comme toujours, elle est centrée sur des approches sans âge et des harmonies toujours vivantes. La musique rock utilise des éléments familiers, mais dépouillés, ils deviennent les os de demain construits avec la terre d’hier et le chant sans fin de nos lignées.
La musique rock est ciblée. Certaines pièces de ce puzzle proviennent du fait que McLaughlin et Yantis ont déménagé dans des zones plus urbaines (McLaughlin dans le nord de l’état de New York et Yantis dans le Colorado), bien que les étendues pastorales des travaux précédents se retrouvent toujours dans les racines. Les guitares passent d’un riffage grossier sur « Jimmie Dale Gilmore » à l’ambiance sublime et réfléchie de « Sugar », et à peu près tout ce qui se trouve entre les deux. Les arrangements émotifs se déplacent comme de la mélasse, considérant la prochaine étape comme si elle était la dernière. Cette musique est l’équivalent sonore d’une sauce riche que l’on fait bouillir pour en intensifier la saveur, où chaque note tient le monde en haleine avec son timbre résonnant.
Une grande partie de la musique rock est pensive, mais elle est imprégnée de teintes tranquilles à chaque tournant. Le morceau d’ouverture « Earth’s Grammar » résonne joyeusement avec des cordes à l’archet qui silhouettent les dernières lueurs du jour, tandis que les fredonnements vocaux chargés de basses ont un poids différent. On reconnaît que les moments de calme à venir peuvent être paisibles et même un peu sentimentaux, mais que des périls se cachent dans les ombres projetées. Les accords sont suspendus dans l’air comme une longue réserve d’un passé lointain sur les expressions roulantes de « Salt & Blood », chaque passage successif s’appuyant sur le précédent jusqu’à ce qu’il se libère dans la libération euphorique de la fin. Tilth reste stable, le cou tendu pour voir au-delà de la ligne d’horizon qui s’estompe.
Les angles peuvent être plus obtus et les paysages moins obscurs, mais Tilth reste fermement ancré dans le socle sonore. C’est du rock à l’état pur, brut et sans fioritures, plus lourd que jamais. Sur « Four Corners », le morceau le plus proche, les creux sont saturés des textures de l’univers, qui n’est plus vide ni en repos. Rock Music est un petit classique pour les favoris oubliés, pour ceux qui ne sont jamais morts. Cody Yantis et Nathan McLaughlin sont enfin de retour.
***1/2