D’après ce que nous savons, l’artiste et musicienne polonaise Marla Van Horn a sorti une douzaine d’albums au cours des deux dernières années. Avant cela, il est beaucoup plus difficile d’identifier ses productions (s’il y en a). Ce regain d’activité coïncide avec la pandémie de COVID-19 et représente l’une des réponses artistiques les plus productives à une crise mondiale, si tel est bien le cas.
Nous partageons ci-dessous quelques mots sur deux de ses albums les plus récents. Ils rappellent tous deux Sunn O))), combinés de manière expérimentale avec des chants liturgiques, et il convient de les écouter à un volume élevé pour en apprécier les détails subtils.
Falling commence par des drones de guitare superposés, fortement distordus et centrés sur certaines structures d’accords. Plusieurs d’entre eux sont présents, chacun explorant un thème minimaliste distinct dans un registre légèrement différent. Il peut aussi y avoir du synthé, mais chaque drone individuel se mélange aux autres à un point tel qu’il est difficile de discerner l’instrumentation (et les notes de pochette sont muettes à cet égard). Au fur et à mesure que l’album progresse, Van Horn introduit des voix éthérées enregistrées sur plusieurs pistes qui utilisent à la fois des chants sans paroles et des vocalisations qui ressemblent à du langage. Mais là où elle excelle encore plus, c’est dans la combinaison de ces caractéristiques – des couches de structures de guitare brutes servant de base à des intonations plaintives. Sur le plan rythmique, des percussions éparses et des pulsations distinctes sont utilisées sur plusieurs des morceaux, ajoutant un mouvement vers l’avant à une offre autrement sombre et ambiante.
Alors que On the Other Side of the Sea explore un son global similaire à celui de Falling, Van Horn fait un usage intensif de percussions minimalistes, et ses guitares grondent de manière encore plus menaçante. Là encore, l’album brille par sa capacité à fusionner de nombreux drones en une masse sonore. Cela dit, étant donné que de nombreuses pistes sont superposées avec des répétitions sous-jacentes, l’album peut aussi être plus ambiant que Falling. Van Horn s’écarte parfois de cette voie avec quelques passages expérimentaux plus chaotiques, présentant des bruits d’animaux, des grondements de basse et des structures plus lâches. La voix soliste au dessus des drones prend également un rôle plus important. En conséquence, On the Other Side of the Sea est le plus varié des deux, plus dérangeant aussi.
***1/2