Classic Objects est la réponse de Jenny Hval à la pandémie de COVID. Elle ne fait guère de référence directe, mais sa simplicité et son ouverture proviennent d’un désir de se confronter à ce que devient l’art lorsque l’artiste est contraint de se replier sur lui-même. De nombreux artistes choisissent ce moyen de création, mais la pandémie en a fait une nécessité.
Les résultats sont à couper le souffle. La voix de Hval n’a jamais sonné aussi bien : la gamme supérieure sur « Year of Sky » ; le tremblement et le tissage complexes à travers l’arrangement sur » Year of Love ». Il y a des moments d’intrigue lyrique, comme les infirmières qui récitent de la philosophie sur « American Coffee » ou les rêveries fragmentaires sur The Revolution Will Not Be Owned, qui contrastent avec la franchise diariste (« Year of Sky », « Classic Objects »).
Les arrangements sont construits avec soin, souvent accrocheurs (« American Coffee », « Jupiter »), parfois austères (« Freedom »), mais toujours engageants, avec une dose fréquente de bongos. Les synthés qui ondulent doucement sur « Year of Sky » forment un lit bouillonnant pour la voix de Hval, qui transforme le banal en éthéré.
Il n’y a aucun soupçon de prétention dans ces explorations, et l’étreinte de la mélodie n’est pas non plus un signe de soumission commerciale (« Cemetery of Splendour » parvient tout de même à glisser deux minutes de grillons). Il s’agit d’une musique sans attaches, sans fioritures, faite avec un cœur véritable par une artiste au sommet de sa forme.
***1/2