Leur transition d’un groupe de folk rock originaire de Seattle à des héros de l’alt pop de Caroline du Sud reflète l’ambition pure et les capacités collectives de Band of Horses. Ne manquant ni de l’un ni de l’autre, le sixième album du groupe marque un retour aux sources, usurpant rapidement le très médiocre Why Are You OK en 2016.
Things Are Great fonctionne particulièrement bien comme une sorte de lentille de maturité à travers laquelle revisiter les sorties précédentes. « Crutch » mêle le jangle énergique de Mirage Rock avec la pop Americana polie d’Infinite Arms, tandis que « You Are Nice to M » » ressemble à un cousin éloigné intensifié de leur Monsters de 2006. Ailleurs, « Lights » et « Coalinga » possèdent suffisamment de cran pour maintenir le caractère général de l’album,
rappelant des classiques plus tapageurs comme « Weed Party » et « Laredo ».
Sur le plan lyrique, Things Are Great explore le mécontentement de la décennie à travers des visions fragmentées de diverses relations familiales, amoureuses et professionnelles. Dans « Warning Signs », le frontman Ben Bridwell confie, avec son accent caractéristique, « Small talk with a registered nurse/Not to cry in front of people at work/Well that’s hard, hard, hard, at times you know ». (Petite conversation avec une infirmière diplômée/Ne pas pleurer devant les gens au travail/Eh bien, c’est dur, dur, dur, parfois vous savez). Ailleurs, « Tragedy of the Commons » aiguise son commentaire folklorique avec une observation plus ouvertement politique, « The hate train pray that it crashes/Jaded chattering of neo-fascists/The clatter of the ever-warring classes » (Le train de la haine prie pour qu’il s’écrase/Bavardage blasé des néo-fascistes/Le claquement de la classe toujours en guerre), Bridwell déclarant finalement, « Babe I’m dog tired, can I cancel it all ? » (Bébé, je suis vraiment crevé, est-ce que je peux annuler tout ça?). De même, dans « Ice Night We’re Having », Bridwell « se moque de la renaissance des durs à cuire à Washington » et conclut « It matters who you know, when you don’t know/Anyone » (Il est important que tu connaisses des gens quand tu ne connais / Personne).
En fin de compte, Things Are Great est l’album le plus intime de Band of Horses depuis plus de dix ans, mais sa sincérité et son intensité artistique lui confèrent un impact constant. Si leurs jours de gloire sont ou non derrière eux, Bridwell et compagnie ont réussi à se tailler un espace confortable, leur héritage étant assuré.
***1/2