Laura-Mary Carter: « Town Called Nothing »

Laura-Mary Carter, la moitié des rockers Blood Red Shoes, se tourne vers la guitare acoustique pour son premier album solo. S’éloignant du vacarme assourdissant de son travail quotidien, elle s’inspire de la musique country et y ajoute une touche de pop noirâtre.

Un son beaucoup plus calme et contemplatif que ses habituels hymnes déchiquetés à la guitare, Town Called Nothing a été écrit entre deux tournées dans divers sous-locaux et studios au Royaume-Uni et à Los Angeles. À propos du processus initial, elle déclare : J’ai trouvé une guitare acoustique usée et sans y penser, les chansons ont commencé à me venir. L’idée d’écrire sur une guitare acoustique était nouvelle pour moi. J’ai réalisé qu’écrire de cette manière intime exposait ma voix et changeait ma façon d’écrire et de chanter les textes. »

Après 17 années passées à sillonner le monde avec son compagnon Steven Ansell, Carter découvre une voix qu’elle n’avait pas encore exprimée. L’impact de la pandémie de Covid-19 sur un calendrier de tournées habituellement très chargé a donné à la Dublinoise l’occasion de rester enfin tranquille. Assez longtemps, en tout cas, pour expérimenter différents sons. Cependant, ses envies de nomadisme n’ont pas tardé à reprendre le dessus. Dès son plus jeune âge, Carter a été habituée à un style de vie fait de dérives et randonnées, sans jamais vraiment se sentir chez elle dans un seul endroit. Cela s’avère être une influence majeure dansTown Called Nothing. Sur les 22 minutes de l’album, Carter explore les thèmes de l’amour, de l’exploration et de la réflexion personnelle. 

Sur le premier titre de l’album, « Blue’s Not My Colour », elle reconnaît avoir développé un certain pragmatisme lorsqu’il s’agit de mettre fin à une relation : « Just a moment in time / like a stranger passing by » (Juste un bref moment /comme un étranger passant par là), tandis que sur Signs, elle nous rappelle que même les amoureux les plus durs qui ont connu un chagrin d’amour ont simplement besoin d’espace pour guérir : « Signs they say it takes some time / waiting on tomorrow » (Les signes,dient-ils, cela prend du temps / en attendant demain ). La chanson-titre « Town Called Nothing » est une complainte aux accents country sur l’attraction inéluctable d’une relation vouée à l’échec. Il est fidèle à l’aphorisme trois accords et la vérité, alors que le groupe enjoué suit notre vagabond en explorant une nouvelle route sur une carte musicale déjà bien connue.

Carter a la voix et l’allure pour réussir en tant qu’artiste pop si elle voulait vraiment poursuivre ce but particulier. Mais ses influences sur l’EP s’orientent davantage vers des artistes comme St Vincent et Angel Olsen, dont l’approche alternative pour élaborer des observations intelligentes sur la vie indique peut-être la préférence de Carter. Cela se résume sur Better On My Own lorsqu’elle affirme : « I will never be the girl you knew before / I will never be the one whom you adore » (Je ne serai jamais la fille que tu connaissais avant / Je ne serai jamais celle que tu adores).

La composition de journal intime qu’est « The City We Live »  expose une insécurité que beaucoup ressentent lorsqu’une relation devient confortable – le point où l’on s’accroche ou l’on se tord – et les périls d’être celui qui est laissé pour compte. Pour quelqu’un qui, comme Carter, a l’habitude de prendre la vie par les cornes, cela peut sembler doublement décourageant.

Dans « Ceremony », le refrain de Carter « No regrets, no rewinds, resets » (Pas de regrets, pas de retour en arrière, pas de réinitialisation) nous rassurera sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une demoiselle laissée pour compte. Le temps qui lui a été accordé au cours des 18 derniers mois a donné à Carter une concentration créative renouvelée, qui commence seulement à porter ses fruits sur ces six chansons. 

On sent ainsi qu’il y a beaucoup plus à venir pour la vocaliste si l’opportunité de continuer à explorer de nouvelles voies musicales se présente… et si elle les veutsaisir.

***1/2

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