Sur Extreme, Molly Nilsson s’efforce d’injecter un plaisir nostalgique dans un disque qui ne fait que frôler les implications lointaines de son nom. S’ouvrant sur un niveau galactique et rencontrant des planètes aléatoires peuplées de mélodies et de riffs de guitare inspirés des années 80 et 90, le rythme d’Extreme varie. Un morceau vous propulse à la vitesse de la lumière vers le dancefloor, et le suivant vous attire lentement dans la force gravitationnelle d’une ballade pleine d’espoir. Ce qui manque au dixième album du musicien suédois, c’est une proximité avec Nilsson, une intimité que l’on peut entendre dans les travaux précédents. Cet album, qui s’éloigne du son « classique » de Molly Nilsson, devrait donner le sentiment de la connaître depuis toujours, que l’on soit un nouvel auditeur ou un fan dévoué.
Un soupçon de son indie-fied « Girls Just Want To Have Fun » chuchote en arrière-plan de la première moitié d’Extreme. La douce synthwave « Kids Today » pourrait servir de bande-son à la suite de « San Junipero » de Black Mirror. Ce sentiment de nostalgie flottante est filtré par l’arrivée du morceau instrumental de l’entracte « Intermezzo ». Pris au premier degré comme un disque de danse, il pourrait s’intégrer parfaitement à une playlist de classiques d’Ibiza ; ici, il représente la production froide d’Extreme. Bien qu’il ne soit pas cohérent avec le reste de l’album, il nous donne l’occasion d’entendre une autre facette amusante de Nilsson ; de même, les nuances de drum and bass sur « Obnoxiously Talented » et la touche de Gorillaz sur le morceau ‘Pompeii’ ne s’accordent pas exactement avec le reste de l’album. Tout cela étant dit, Nilsson a livré un LP dont la trajectoire est généralement surprenante et qui s’élance vers des territoires vivants.
***1/2