Irreversible Entanglements: « Open The Gates »

Irreversible Entanglements a été qualifié de groupe de free jazz, mais il serait malvenu de cataloguer ces cinq explorateurs musicaux. Nés d’une nécessité sociopolitique, Moor Mother (voix, synthé), Keir Neuringer (sax), Aquiles Navarro (trompette), Luke Stewart (basses) et Tcheser Holmes (batterie, percussions) sont en train de devenir collectivement une force emblématique des années 2020. Leur utilisation du jazz comme base – libre mais aussi orientée vers le groove – sert de point de départ à des excursions vers d’autres formes musicales ainsi que vers des préoccupations de justice sociale, d’afro-futurisme et de notre relation avec le grand univers. Les comparaisons avec Sun Ra et l’Art Ensemble of Chicago, tant sur le plan musical que spirituel, ne seraient pas erronées.

Les textes de Moor Mother sont des poèmes parlés. Il n’est pas clair dans quelle mesure elles sont préconçues ou en flux de conscience. Quoi qu’il en soit, l’auditeur n’a pas besoin de suivre au départ le fil sémantique de ses passages – le sens devient clair à travers le choix de ses mots. On ressent ce qu’elle dit avant même d’avoir la possibilité d’appliquer la cognition. Et ses histoires et observations sont des représentations tranchantes d’événements actuels et d’histoires réfléchies.

Sur le plan musical, Irreversible Entanglements couvre un large éventail de structures, allant d’explosions de formes libres à des rythmes denses. En plus des influences mentionnées ci-dessus, il y a une touche de soul, de funk et de fusion. Mais Open The Gates – un double album – donne au groupe l’occasion d’explorer son côté spacieux et psychédélique, avec des morceaux plus longs comprenant des mouvements atmosphériques. On y trouve également une forme d’exaltation, qu’il s’agisse des cornes de Neuringer et Navarro, qui s’élèvent et discordent simultanément, ou du refus de Stewart et Holmes de rester assis ou de jouer de manière conventionnelle.

Qu’ils aient demandé ce rôle ou non, Irreversible Entanglements est devenu un porteur de culture, lançant des avertissements sur les inégalités passées, présentes et futures. Leur musique peint une image de l’Amérique sombre – où l’espoir s’estompe mais n’est pas perdu… pour autant.

***1/2

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