Il arrive parfois qu’un CD arrive et soit négligé sans raison valable ; le premier album de Margo Cilker, Pohorylle, en fait partie. La pochette n’attire pas vraiment l’attention et tout se résume donc à la musique, comme il se doit.
Cilker est une auteure-compositrice-interprète de l’Oregon et Pohorylle est l’aboutissement de sept années de travail en tant que musicienne. Le son qu’elle privilégie est de type country-rock et elle possède une voix puissante avec un débit parfois laconique. Écoutez « Barbed Wire (Belly Crawl) » » et vous l’imaginez accoudée au bar d’un quelconque débit de boissons peu recommandable, tenant un verre de vin rouge. Si cela ressemble à votre genre de musique, vous allez adorer cet album. Il est construit sur un piano, un violon et une pédale d’acier martelés par la sœur de Margo, Sarah, qui ajoute des harmonies.
L’album vous sautera aux oreilles avec « That River » : une intro de guitare stridente et un piano qui fait l’essentiel du décor jusqu’à ce que le violon intervienne pour le grand final. Si vous cherchez l’opposé de « River » de Joni Mitchell, ce sera le cas. Kevin Johnson fait appel à l’orgue de Jenny Conlee, que nous avons déjà entendue au piano, et à la batterie. Il est écrit dans un style très traditionnel, les deux premières et les quatre premières lignes de chaque couplet étant identiques, la troisième ligne les développant, mais on n’est toujours pas sûr de ce que Margo veut dire ici. « Broken Arm In Oregon » est un titre beaucoup plus direct sur les épreuves de la vie sur la route. Direct certes mais plus complexe tant on se demande si il est autobiographique ou non.
« Flood Plain » est une simple chanson acoustique, mais un problème revient sans cesse : il nous faut les textes. La voix de Cilker est peut-être puissante et distinctive, mais elle n’est pas toujours un modèle de clarté. Comme pour nous prouver le contraire, l’histoire racontée dans « Tehachapi » estpresque didactique et les arrangements des cuivres sont superbes.
On aime le son de Pohorylle et je on peut apprécier la qualité de l’écriture des chansons et des orchestrations, mais c’est un album qui, pselon nous, nécessite une expérience complète ou, à défaut, une période d’étude intensive.
**1/2