Après trois ans de silence, le deuxième album excentrique de Snail Mail, Valentine, prouve que tout vient à point à qui sait attendre. En effet, depuis son explosif premier album Lush, Lindsey Jordan, de Snail Mail, en voyage. C’est lors d’un séjour dans une clinique de convalescence en Arizona que, séparée de ses instruments, elle a commencé à écrire (littéralement) des arrangements purement imaginaires. Ces idées sont devenues Valentine – un deuxième album énergique et excentrique, et la preuve d’une artiste qui a choisi de prendre son temps.
Là où Lush était angoissé, anxieux, Valentine trouve une nouvelle sérénité ; Jordan prend du recul par rapport à ses émotions et observe plus profondément ses expériences. On retrouve néanmoins des éclairs de la candeur têtue qui a rendu Lush si mémorable. Elle se lamente sur « Ben Franklin » : « Moved on but nothing feels true » (Je suis passée à autre chose, mais rien n’est vrai), avant d’ajouter : « Sometimes I hate her just for not being you » (Parfois, je la déteste parce qu’elle n’est pas toi).
C’est un album qui prend son temps pour atteindre des sommets non conventionnels. Mais il n’y a rien de superficiel là-dedans ; la voix de Jordan est claire, précise et dégage une confiance bien au-delà de son âge. L’album est également varié sur le plan sonore, avec des morceaux à base de synthétiseurs comme « Valentine » et « Forever (Sailing) », contrebalancés par les titres rock à base de guitare typiques de Snail Mail, « Headlock » et « Glory ».
Jordan conclut l’album avec son moment le plus vulnérable ; « Mia » est une berceuse douloureuse qui ressemble à une suite de la délicate conclusion de Lush, « Anytime ». Surplombant les doux instruments, la brutalité de la voix de Jordan rend le sentiment d’autant plus attachant, car sans amertume ni dérision, elle admet simplement : « I wish that I could lay down next to you » (J’aimerais pouvoir m’allonger à côté de toi).
***