Sur leur cinquième album, I Don’t Live Here Anymore, The War on Drugs s’appuient sur la grandeur qu’ils ont conservée sur Lost in the Dream en 2014 et A Deeper Understanding en 2017. L’album affiche la fascination du groupe pour le rock des années 80, mais là où leurs dernières sorties brouillaient les refrains springsteeniens sous des couches de guitares et de synthétiseurs psychédéliques et, à cet égard, ce nouvel opus place ses accroches vibrantes au premier plan.
« I Don’t Wanna Wait », l’un des titres phares de l’album, est une véritable « power ballad », avec la voix du frontman Adam Granduciel qui émerge d’une mare de distorsion pour se briser en une clarté exaltante sur des claviers sans artifice. La chanson titre n’est pas moins éblouissante, sur laquelle Granduciel est rejoint par les membres du groupe indie-pop de Brooklyn Lucius pendant le refrain de la chanson : « Nous marchons tous seuls dans une obscurité qui nous appartient » (We’re all just walkin’ through the darkness on our own).
Sur « Wasted », un synthétiseur aigu et une guitare électrique grattée de façon spectaculaire viennent renforcer la voix de Granduciel, lourdement réverbérée. The War on Drugs a enregistré de nombreuses chansons longues et ambitieuses, parfaitement adaptées à un long road trip, mais « Wasted », qui bénéficie d’un rythme vif et agile, semble plus audacieux et plus excitant que tout ce que le groupe a produit jusqu’à présent.
De même, le dense et luxuriant « Harmonia’s Dream » ressemblera à l’apogée de tout ce que War on Drugs fait si bien, empilant toujours plus de guitares, d’orgues et de synthétiseurs perçants, en revanche,« Victim » se traîne sur une ligne de basse basse et tendue, tandis que la voix haletante de Granduciel se perd dans un brouillard de guitares caustiques. La myriade de pièces mobiles de ce dernier morceau, qui virevoltent et bourdonnent dans un synchronisme saisissant, est particulièrement impressionnante à voir.
« Living Proof »,à l’inverse, est dépouillé jusqu’à l’essentiel. Les mélodies de Granduciel sont prononcées comme s’il commençait une phrase qu’il n’avait pas l’intention de terminer, ce qui conduit à un solo de guitare intermittent qui s’interrompt également. Bien que lThe War on Drugs adoptent une approche un peu plus directe sur I Don’t Live Here Anymore que par le passé, ils trouvent toujours de nouvelles façons de s’engager dans des arrangements complexes. Le résultat est un savant dosage d’hymnes pop-rock accessibles et de paysages sonores expérimentaux.
***1/2