Sarah Davachi: « Antiphonals »

Tout ce qui concerne l’étonnant et tentaculaire Antiphonals est baigné dans une mer de merveilles ; intemporel, doux et captivant. Sarah Davachi a une capacité exceptionnelle à créer des enceintes sonores immersives où l’on peut se sentir en sécurité pour réfléchir aux émotions les plus lourdes et vagabonder librement dans notre propre esprit. Mais sa musique n’est pas sûre, c’est même tout le contraire. En créant ces cocons sonores enveloppants, Davachi nous envoie dans les zones les plus sombres sans nous méfier.

Antiphonals se déplace avec aisance, un large éventail d’instruments fondus ensemble en synchronisation. Des plumes solennelles dans des accords surprenants sont des portes ouvertes sur « Chorus Scene », un signe de bienvenue, estompé mais toujours présent. Il crée l’ambiance comme un rideau qui se lève pour révéler le vaste dôme sourd de « Magdalena ». Des braises montantes éclairent un chemin introspectif, la touche retenue de Davachi déverrouille la chaleur affective d’Antiphonals. Peu d’artistes communiquent autant avec quelques notes étirées et enroulées autour d’elles comme des puzzles complexes, où se concentrer trop sur le son éloigne de l’émotion qui imprègne la musique de Davachi. « Magdalena » est un chef-d’œuvre de raffinement, qui laisse respirer chaque accord.

Même si c’est dans les morceaux les plus longs que notre esprit vagabonde le plus, les morceaux courts sont tout aussi évocateurs. « Gradual of Image » est une danse sombre et fantaisiste de guitare acoustique et d’orgue, valsant à travers des paysages en décomposition comme un rappel de notre perte collective. Dans les plis indulgents entre le doux fingerpicking et les drones en expansion, les souvenirs deviennent définitivement gravés dans le verre, un sanctuaire de la solitude. « Border of Mind » se trouve au bord du précipice de la libération et de la folie, l’isolement devenant une béquille vicieuse. La dissonance s’infiltre dans les changements d’accords répétitifs pour perturber l’équilibre méditatif, un sonnet pour le chemin qui s’assombrit ; une question posée au vide alors que quelques secondes supplémentaires de silence pèsent lourd à la fin.

Il est, en outre, nécessaire mentionner à quel point on aime et apprécie la qualité sonore de l’enregistrement de Davachi. Il y a une douce couche de sifflement sur tout l’album qui agit comme un délicat tissu conjonctif. Lorsque Antiphonals se termine par les lamentations tranquilles de la ruminative « Two Flutes », ce flou vaporeux reste inébranlable. Davachi tisse une couverture sonore complexe qui nous donne le temps de nous demander si nous voulons nous cacher un peu plus longtemps ou étouffer l’air caustique qui continue de brûler comme un millier de soleils. Antiphonals ne nous donne pas la réponse, mais ses étendues sonores séduisantes et contemplatives nous donnent le temps de trouver notre propre chemin.

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