Le premier voyage en vinyle de l’album « dark ambient » de Thomas Köner, inspiré par les éphémères cosmiques, est disponible en format numérique pour la première fois depuis 1995.
Sorti à l’origine chez Barooni, qui a également publié le premier trio d’albums solo de Köner (ainsi que le titanesque coffret Tektra de Roland Kayn), Aubrite s’insère quelques années plus tard dans l’espace mental résolument sombre et isolationniste de l’artiste allemand pour une profonde méditation sur le vide. Pour être honnête, c’est évidemment sombre, mais plutôt dans le sens de sa nature austère et solitaire, plutôt que dans celui de quelque chose d’excessivement gothique ou cinématographique, s’en tenant à un canevas d’inférences et de suggestions presque infrasoniques, et avec une fascination intemporelle aussi évocatrice que les petites météorites achrondites qui sont tombées près de Nyons en 1836 et qui lui ont donné son titre, titre qu’il explique ainsi :
« Celui qui entend la distorsion de tous les sons, deviendra bientôt Ultrablack. Celui qui écoute ce monde, mais n’a d’affection pour aucun de ses sites, même à l’endroit du Bruit Noir, pourra bientôt atteindre l’UltraNoir. Celui qui comprend l’esprit d’impartialité à travers dix mille millions de tons partiels, entend l’UltraNoir et ne peut plus être mesuré. Aucune mesure, aucune clôture, aucune propriété n’est le signe des partitions ultra-noires. »
Pour la première fois depuis 26 ans, Aubrite transmet un message qui se traduit par un instinct atavique. Comme dans l’œuvre de Roland Kayn, le niveau de portée et de profondeur des couches est tout simplement insondable et même, à certains niveaux, unheimlich amniotique, produisant une série d’événements non-musicaux à la réverbération silencieuse et sensationnelle qui suspendent les sens et envoient son destinataire flotter dans un espace de tête richement imaginatif, dans les profondeurs marines, boréales et cosmiques.
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