Perila: « 7.32/2.11 »

La couverture de 7.32/2.11 représente un test de Rorschach délavé. L’image en niveaux de gris, éparpillée et floue, pourrait représenter un million de choses différentes, mais la morosité cache une quantité surprenante de mouvement. Des silhouettes fantomatiques font la queue, attendant leur chance pour franchir une porte dans les profondeurs de la montagne. Les aurores boréales dansent dans le ciel, marionnettistes tirant des ficelles cosmiques, riant malgré la douleur, respirant la dégradation de l’hiver comme le plus doux des parfums. Perila creuse des tranchées peu profondes au cours de son voyage, alors que le temps s’arrête, mais que la mort et le chagrin continuent de jeter des regards furtifs.

Des houles de basse creuses poussent contre des pads fantômes, la combinaison dense de fréquences comme un massage de l’oreille interne, une couverture emmaillotant les synapses dans un faux confort. La retenue de Perila pourrait maintenir les nuages en place. La mélancolie aspire à une nouvelle saison dans les légers scintillements électroniques, la résonance passe-bas s’ouvrant et se fermant comme un clocheton sous-marin. Elle revient, tenant la main aux échelons supérieurs, créant un espace pour le souffle doux de Perila sur les timbres envoûtants et méchants de « Haven’t Left Home 4 4 Days ». Des motifs simples et répétitifs construisent des murs géométriques, sa voix étant la figure informe qui flotte sans but tout en cherchant une issue vers le haut. 

Une grande partie de 7.32/2.11 est imprégnée des traces de la solitude pensive de la séparation et de l’isolement. Les images nostalgiques sont enveloppées dans des couvertures rafraîchissantes, les idées d’évasion sont atténuées par des tonalités ruminatives et des passages disparates. « This Story Doesn’t Make Any Sense » est à la hauteur de son titre, remettant en question les situations incroyables qui continuent à échapper à tout contrôle. Perila se lamente, dans un monologue intérieur qui s’estompe dans le ciel qui s’assombrit : « Je ne peux pas parler maintenant. Mes deux mains sont occupées » (I can’t talk right now. My both hands are busy). La distraction et l’évasion se déplacent en tandem dans les dérives vocales sans paroles et les grattages de guitare répétitifs, le tout manœuvrant doucement autour d’un cadre synthétique frémissant qui crache des débris auditifs.

La brume de 7.32/2.11 est imprégnée d’une voix sous-jacente et interrogative qui se demande sans cesse ce qu’il faut faire maintenant. Les explorations au piano trempé sur « Crash Sedative »n’offrent aucune réponse, mais permettent de continuer à faire couler l’eau et de garder un œil sur la lueur de la lune. Dans cet état constant d’impermanence, certains repères deviennent des balises énigmatiques. Personne n’a la moindre idée de ce qui va se passer, mais même dans les espaces les plus isolés, il y a toujours des moments et des connexions à partager.

***1/2

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