Le troisième album de Lillie West sous le pseudonyme de Lala Lala est une réflexion sur le soi, et toutes les distorsions qui font de nous ce que nous sommes. I Want The Door To Open est , en effet, à la fois introspectif et existentiel, atmosphérique et surréaliste – une destination éloignée de la focalisation sur la guitare de l’acclamé The Lamb en 2018.
Les morceaux combinent des rêveries électroniques et une élégance lunatique pour peindre une image de West au centre d’un voyage de découverte de soi. Kate Bush est là, oui, mais aussi des contemporains comme Snail Mail et Caroline Rose.
Le point central de l’album est le morceau « Diver », un miroir synthétique de la réalité de West. Ici, le thème du moi déformé entre en collision avec la recherche sisyphienne de quelque chose de plus grand. « Je ne peux pas la regarder directement, ton visage déformé dans la fenêtre », chante West, « nageant vers ma nouvelle vie, entraînée par le ressac » (I can’t look directly at it, your face distorted in the window, swimming out towards my new life, dragged back by the undertow). Puis West s’appelle carrément Sisyphe, le roi grec qui, pour avoir trompé la mort deux fois, était obligé de faire rouler un rocher en haut d’une colline – pour qu’il continue à dégringoler.
C’est dans ce fil conducteur que l’on peut trouver le battement de cœur de l’album. Nos recherches individuelles de la vérité, semble suggérer West, sont futiles. Et si quelque chose se produit, cette recherche d’une « vérité » inaccessible ou définitive est ce qui fait que la vie en vaut la peine.
West a décrit ce sentiment et la façon dont il a influencé l’éthique et la production de l’album : « Je veux une liberté totale, une possibilité totale, une acceptation totale. Je veux tomber amoureuse du rock » (I want total freedom, total possibility, total acceptance. I want to fall in love with the rock).
Et dans cet abandon libérateur de la définition de soi, West trouve la beauté. « Je me souviens de mon nom, c’est toujours le même, une autre Lillie » (I remember my name, it’s always the same, another Lillie), chante-t-elle sur un « Bliss Now ! » aux teintes psychédéliques. Les titres « Prove It » et « Castle Life » tourneront, eux, autour de cette recherche, tandis que plus tard dans l’album, West s’est clairement trouvée et utilise cette recherche pour informer les autres aspects de sa vie.
Les apparitions de la poétesse Kara Jackson (« Straight & Narrow ») et de Ben Gibbard de Death Cab for Cutie (« Plates ») contribuent à compléter un album qui, en surface, est une collection indie pop agréable et hypnotique, mais qui, si on l’examine un peu plus en profondeur, révèle l’effort concerté d’une artiste talentueuse et réfléchie qui essaie de trouver le sens profond de son art (et de sa vie).
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