Joel St. Julien: » Empathy »

Il y a un certain pouvoir à affronter la tristesse en la retournant et en créant un endroit chaud et sûr hors de sa portée. Le compositeur haïtien-américain Joel St. Julien a construit son propre univers sonore au plus profond de l’année 2021, lorsque la pandémie faisait rage et qu’il était difficile de savoir ce que chaque jour apporterait. Empathy est luxuriante, pleine de teintes vibrantes et de panoramas magnifiques où les possibilités sonnent comme une harmonie imprégnée dans le paysage lui-même. L’acte de St. Julien de traiter les horreurs rampantes de la vie américaine est défiant et transcendant alors que s’ouvre l’album

Des sonorités saisissantes se succèdent dans ces pièces, interconnectées par une palette commune construite principalement sur un système modulaire et un ordinateur portable. Les complexités abondent dans cette musique, mais St. Julien utilise des mélodies douces et des phrases transitives pour capter l’attention des auditeurs et nous inviter dans ce monde. Le morceau-titre en quatre parties offre toute une gamme d’émotions, avec « Empathy I » qui contient des parts égales de trépidation et d’espoir, représentées par les arpèges sous-jacents et bouillonnants et par le rythme lancinant. Les fréquences sont filtrées à travers un prisme passe-bas, puis renversées : « Empathy II » brille d’une présence accrue et se poursuit avec « Empathy III », alors que le monde extérieur tente de percer le linceul par le biais d’explosions sonores répétitives et de boucles disjointes. St. Julien tire les ficelles, permettant à des formes disparates et incalculables de se mouvoir dans un doux unisson. Cela pourrait être accablant, mais comme Empathy est totalement immersif, on n’a jamais l’impression que c’est trop.


Sur la deuxième partie d’Empathy, la douceur de St. Julien brille vraiment. « Where I Am » est béat et contemplatif. Il se tient au sommet, regarde sa création et trouve du réconfort dans la chaleur et la beauté laissées dans son sillage. De doux motifs de synthétiseurs sont lents mais déterminés, chaque changement subtil étant un bûcher qui protège. Des embellissements en boucle résonnent dans des champs d’or, projetant des éclats de lumière jusque dans les plus profondes crevasses. C’est un monde où il est possible de flotter librement.

Empathy est, à ce titre, un voyage, séquencé de manière à ce que St. Julien ne révèle pas trop de choses trop tôt. Les premiers moments préparent le terrain et lorsque le duo final de « The World Is Ending (Again) » et « Released » résonne dans le ciel sans nuage, une détermination d’acier a été gravée de façon permanente dans le verre. Comme l’indique le titre de l’album, le cycle de la destruction ne connaît pas de fin qui échappe à notre contrôle, mais en créant des espaces comme Empathy, miroirs d’un monde où le mieux est possible, Saint-Julien prend des mesures pour nous pousser à réaliser cette intention.

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