Haiku Salut: « The Hill, The Light, The Ghost »

Le trio expérimental Haiku Salut a des années d’avance sur la plupart de ses pairs depuis plus de dix ans maintenant. Apparu dans le Derbyshire rural en 2010 après avoir joué avec les favoris indie locaux The Deirdres, le trio – Louise Croft, Sophie Barkerwood et Gemma Barkerwood – a passé les années suivantes à se construire une réputation comme l’un des groupes les plus progressifs sur les côtes britanniques. Il est facile de comprendre pourquoi en parcourant la discographie du groupe, notamment par ordre chronologique. Chaque disque est un document sur l’évolution d’Haiku Salut, depuis les singles qui ont précédé le premier Tricolore de 2013 jusqu’à la remarquable bande originale du film The General de Buster Keaton de 2019. Aucun genre n’est exclusif, qu’il s’agisse de folk ambiant, de paysages de rêves pastoraux ou d’electronica glitchy. La musique d’Haiku Salut traverse toutes les frontières et tous les genres, ce qui la rend d’autant plus exquise.

Il n’est donc pas surprenant que The Hill, The Light, The Ghost, le cinquième album d’Haiku Salut, représente leur déclaration d’intention la plus audacieuse à ce jour. Essentiellement inspiré par une collection d’enregistrements de terrain capturés par Sophie sur un appareil Tascam portable, The Hill, The Light, The Ghost a commencé à prendre forme après que Sophie et Gemma se soient rendues à Berlin pour jouer un spectacle pendant que Louise, troisième membre du groupe, était en congé parental. Au cours de leur voyage, elles ont visité une ancienne maison de médecin qui était abandonnée et vide depuis les années 1980. Après avoir réglé le Tascam sur « enregistrement », Sophie a sauté par-dessus le portail, est entrée dans la maison, puis a joué quelques notes au piano. Cet enregistrement est devenu « Entering », la deuxième composition de l’album et c’est ainsi que The Hill, The Light, The Ghost est né.

S’inspirant de cet enregistrement et de l’environnement fantomatique qui l’accompagnait, le trio s’est ensuite mis à rechercher activement des fantômes, puis à élaborer des idées de chansons autour d’eux. En créant une exploration du son et de sa relation avec la mémoire, sans contexte personnel et en construisant leurs propres mondes autour de chacun d’entre eux, ce nouvel opus s’inspire de ces émotions pour créer neuf morceaux qui sont tous liés à un lieu et un moment spécifiques. Un album conceptuel en quelque sorte, mais qui ne suit pas nécessairement un récit musical préétabli. The Hill, The Light, The Ghost pourrait facilement être le « moment Loveless » de Haiku Salut.

Prenez « All Watched Over By Machines of Loving Grace » par exemple, qui oscille entre l’ambiance fracturée de My Bloody Valentine au plus effervescent et John Cage au plus obtus. Rien n’est laissé au hasard et toutes les pistes sont explorées. De même sur le délicat « I Dreamed I Was Awake For a Very Long Time », qui est probablement le morceau le plus proche, en termes de son, de tout ce que Haiku Salut a sorti auparavant. Ce qui le distingue, c’est la façon dont il se glisse sans effort dans le segment suivant, « How the Day Starts ».

Pour un groupe qui s’est toujours poussé au-delà de toute contrainte ou attente, The Hill, The Light, The Ghost pourrait bien être la collection la plus audacieuse d’Haiku Salut à ce jour. Définitif dans son exécution et inégalé par tous les contemporains du groupe, c’est un exercice magistral d’expérimentation qui révèle quelque chose de nouveau à chaque nouvelle écoute.

***1/2

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