Il y a quelque chose dans cette nouvelle offre d’Andreas Brandal qui ressemble à la bande sonore de ce qui se passe dans les coins poussiéreux et couverts de toile d’araignée de mon cerveau ces derniers temps. En fouillant dans les détritus, on trouve beaucoup d’espace vide qui pique avec une acuité surprenante, mais de l’or transsonique émerge au sein de cette trépidation conflagrante.
Primal est une bande originale d’horreur. D’innombrables raclements et cliquetis mélangés à des sons banals de la vie quotidienne et à des tonalités synthétiques et oscillantes créent une atmosphère tendue et sordide. Des structures en décomposition envoient des lignes de vie sur « Sense », derniers souffles de joie résonnante dans un vide mourant qui s’élève, agissant comme une gomme auditive. Une fois la poussière retombée, des silhouettes encapuchonnées émergent, traînant des os sur « Urge » sur le sol d’un dépotoir, tandis que le paysage dense se transforme dans toutes les nuances de gris possibles.
Les pensées chaleureuses sont rejetées dès qu’elles percent le voile caustique de minuit. Des voix et des éléments sonores riches vacillent sur « Instinct », même une guitare acoustique surprise, le tout faisant partie d’un rêve d’évasion pour nous rappeler que sous l’enveloppe pourrie, nous sommes toujours en vie. Creusant à travers des tiroirs d’éclats métalliques, « Fear » est un souvenir implanté qui se développe comme un champignon dans les crevasses où aucune lumière ne peut entrer. L’électricité statique grésille sur les fils jusqu’à ce qu’ils se désintègrent, le son d’un passé lointain et effacé.
La résolution se matérialise enfin sur « Solution », le titre qui clot l’album. Des passages mélodiques surprenants gagnent en puissance avant de se dissoudre dans un flou passager. Une sonnerie glitch devient plus forte, grattant des messages dans la poussière comme un avertissement avant d’être étirée et déchirée. Brandal a créé un monde complexe et détaillé sur Primal, mais avec son odeur de désolation et de méfiance, il apparaîtra comme un spectre dans l’obscurité moisie.
***1/2