Cela fait sept ans qu’Angels & Airwaves ont sorti The Dream Walker, leur cinquième album. Dix titres de rock alternatif à base de synthétiseurs, à la fois grandiloquents et ambitieux : les chansons de ce nouvel opus s’inscrivent ici dans un récit beaucoup plus vaste, couvrant plusieurs médias.
Dire que beaucoup de choses se sont passées au cours de ces sept années serait un euphémisme. À la fois sur le plan personnel pour le membre fondateur et leader Tom DeLonge, mais aussi à une échelle beaucoup plus large et mondiale. Ce sont ces thèmes que DeLonge cherche à explorer sur Lifeforms, ce très attendu sixième adisque du groupe, en trouvant un équilibre entre le personnel et le profond comme il ne l’a jamais fait auparavant.
S’éloignant de son prédécesseur, tant sur le plan sonore que thématique, l’album ressemble et rassemble le disque qu’Angels and Airwaves promettait depuis ses débuts. Complexe, mais facile à digérer, il affiche clairement ses influences. « Automatic », par exemple, recèle toute la mélodie mélancolique de The Cure, tandis que l’angoissant « Euphoria » pourrait presque être un morceau de retour de Box Car Racer. Cependant, pas une seule fois, ces morceaux ne donnent l’impression d’être moins qu’Angels and Airwaves. – Et c’est là le facteur important.
Bien que le groupe ait toujours entretenu une certaine esthétique électronique à base de synthétiseurs, elle a parfois semblé étouffante, ou pire, éphémère. Sur le LP, cependant, elle a été aiguisée, affinée, permettant aux émotions opposées de l’angoisse et de l’optimisme de briller à travers, à la fois musicalement et littérairement, beaucoup plus tangiblement que sur les offres précédentes.
Et c’est bien le cas. Au fond, Lifeforms est un album qui s’articule autour de la condition humaine, et de la façon dont nous interagissons non seulement entre nous, mais aussi avec le monde qui nous entoure. En tant que tel, on y trouve des idées que DeLonge a déjà abordées auparavant, comme les théories du complot et les interactions sociales, mais aussi des thèmes qu’il a évités, comme le racisme (« Losing My Mind ») et la violence armée (« No More Guns »). Cela ne veut pas dire que le disque est déprimant ou négatif, c’est sans doute l’album le plus optimiste du groupe à ce jour, ce qui peut être attribué au fait qu’Angels & Airwaves se sent également plus confiant et plus libéré.
C’est compréhensible. Entre deux albums, DeLonge s’est séparé de Blink-182, le groupe qu’il a cofondé, et a divorcé de sa femme. Il a également trouvé une justification sous la forme de son travail de fondation de To The Stars, une entreprise qui ne fera que renforcer les ambitions déjà élevées d’Angels & Airwaves. Ces ambitions ne montrent aucun signe de ralentissement non plus. Et Angels & Airwaves n’est qu’un point d’entrée dans la production déjà prolifique de DeLonge. En ce qui les concerne, il n’y a pas mieux que Lifeforms. Grand, audacieux et ambitieux, c’est à la fois un retour bienvenu et une déclaration d’intention plus que correcte.
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