The Meadows: « Deamless Days »

Le sinueux Dreamless Days de The Meadows est l’oiseau rare d’un album qui voltige avec une beauté de papillon, une grâce et une magie mélodique profonde. Avec leurs propres chansons, ils parviennent à plonger profondément dans l’histoire mystique du Pays de Galles, tout en évitant habilement toute sérénité superficielle new age. Dreamless Day s’équilibre ainsi sur une douce corde raide folklorique au-dessus d’une rivière de tradition folk profonde. Et, on y trouve une âme de musique de chambre presque classique.

« Lullaby » donne le ton. Titania Meadow (c’est une affaire de famille !) chante avec une pure beauté, tandis qu’un piano et un violon ajoutent une sagesse âgée à la mélodie. C’est une musique très précieuse, mais une fois de plus, elle a la lourde et lente profondeur (pour puiser dans la mythologie galloise !) d’une prophétie de Taliesin, qui, soit dit en passant, prédisait que ce seraientt Cadwaladr et Cynan, et non Arthur, qui reviendraient pour sauver la Grande-Bretagne de ces méchants Saxons !

En effet, et pour votre information, les autres membres des Meadows (tous originaires du Carmarthenshire, dans le sud-ouest du Pays de Galles !) sont Melody, Fantasia et Harvey – ils jouent tous du piano, de la flûte, de la flûte à bec, du violon, de la guitare, du bodhran, et ils chantent tous. Non seulement cela, mais selon leur bio, Melody est aussi une « cuisinière passionnée ».

Ceci étant dit, »’Elusive Beauty » va continuer avec sa pulsation à plusieurs voix, encadrée par un piano. Puis un violon caresse la mélodie. D’une certaine manière, cela rappelle Kate Bush dans ses moments les plus intimes, Sally Oldfield sur son brillant album Waterbearer, et pour être plus ésotérique, la musique mystique de Fiona Joyce. Mais en réalité, la chanson est une version moderne du thème de l’Ode On A Grecian Urn de John Keats et avec sa folle poursuite de ces mélodies inouïes ». Oui, cet album est éhontément palpable dans sa quête voulue. Comme l’a écrit John Keats, « La beauté est la vérité, la vérité la beauté » (Beauty is truth, truth beauty).

Cet album est la bande-son de ce conte de fées dans lequel Raiponce peut déposer ses cheveux d’or ; on y touve pourtant aussi de la musique folklorique galloise. L’up-tempo « Merlin’s Oak And Other Tales » est une ancienne mélodie forestière qui chante avec le mystère des agroglyphes et qui a un refrain irrésistible (presque poppy !) pour démarrer !  Et « Castell Dryslwyn » est encore une fois un instrumental vivant à voix haute, avec une belle conversation entre flûte et violon, presque classique dans sa perfection, et qui touche à la pureté folk des Chieftains d’Irlande ou des Whistlebinkies d’Ecosse. Et, il est question, ici, d’un grand éloge qui est prononcé.

Ensuite, il y a une passion plus sereine, ponctuée de piano. « The Dried White Rose » laisse tranquillement entrevoir une émotion en forme de lame de rasoir. La chanson titre, « Dreamless Days », est à nouveau douce, mélodique et remplie de contemplation mélodique de fin de soirée ; elle est auréolée de ce violon et de cette flûte qui flottent au-dessus de la mélodie avec des ailes de pathos sympathique. « There’s You » poursuit, de son côté, cette beauté pure et évoque les voix de plusieurs fantômes versés dans la triste sagesse celtique tandis que « Gelli Aur » » accélère le rythme avec un autre instrumental pour tout le groupe (avec des percussions de bodhran !) qui est une merveilleuse juxtaposition à l’introspection précédente.

Et puis il y a « Dream You Into Life », qui capture l’éthique complexe de cet album : c‘est une chanson d’amour un peu évidente, avec une mélodie magnifique ; pourtant, la chanson est une profonde contemplation de la réalité – qui est le thème primordial de tout l’album. Oui, c’est une musique éphémère qui est profondément riche en questions mineures sur l’existence humaine.

Les dernières compositions poursuivent cette passion tranquille. « Spin A Dream » éclate lentement avec une félicité instrumentale et se rapproche d’une vibration orientale. Ensuite, une brève épopée, « The Tide » sera dramatique et pulsera sa passion, tandis qu’une fois de plus, la flûte et le violon s’élèvent avec un plaisir plein d’espoir au-dessus d’un rivage émotionnel pierreux qui connaît toujours la certitude que « vous ne pouvez pas arrêter la force de la marée » (you can’t stop the force of the tide).

En effet, comme l’a écrit John Keats, « Et, mélodiste heureux, infatigable, /Pour toujours pipant des chansons toujours nouvelles » (And, happy melodist, unwearied, /Forever piping songs forever new, Dreamless Days est une œuvre d’une beauté insaisissable », riche comme un conte de Grimm aux cheveux en cascade, qui, d’une manière très dorée, invite, heureusement, une fable ancienne dans un monde très moderne et très folky.

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