James McMurtry: « The Horses and the Hounds »

Écouter les chansons les plus sombres de James McMurtry a toujours donné l’impression de passer la nuit dans un restaurant, un bar miteux ou même une laverie automatique, tout en écoutant une histoire fascinante – parfois horrible et probablement embellie – qui peut être vraie ou fausse. Vous vous penchez le plus près possible pour écouter sans vous faire remarquer, mais vous n’obtenez jamais tous les détails, ce qui rend l’histoire encore plus passionnante.

McMurtry vous donne plus de raisons que jamais de tendre l’oreille sur son premier album en plus de six ans. Il passe le plus clair de son temps à se remémorer le meurtre d’un vieil ami, la renaissance d’un amour non partagé, des « accidents » ambigus qui peuvent ou non être des meurtres, la fuite devant la loi pour des raisons jamais révélées et une incapacité frustrante à trouver ses lunettes.

The Horses and the Hounds réunit McMurtry avec la puissance de l’électricité. Alors que Complicated Game en 2015, basé sur l’acoustique, était, comme toutes ses sorties, riche en images et en profondeur narrative, le fait de se brancher à nouveau ajoute le cran et le punch qui ont alimenté certaines de ses meilleures œuvres au fil des ans, de « Where’d You Hide the Body » à « It Had to Happen », « Saint Mary of the Woods », et au-delà. C’est l’élasticité du jeu rythmique électrique de McMurtry qui l’a placé devant la plupart des autres auteurs-compositeurs-interprètes de sa catégorie. Il est capable de groover et de rocker tout en délivrant des récits poétiques dans leur structure et d’une portée cinématographique.

Cependant, cette fois-ci, McMurtry confie les rênes au maître de la guitare d’Austin, David Grissom, dont les doigts agiles ont contribué à faire lever le plafond lors de sessions avec Joe Ely, John Mellencamp, son propre supergroupe texan, Storyville, et bien d’autres au fil des ans. Charlie Sexton est également de la partie, lui aussi originaire d’Austin, et a déjà dirigé, avec Doyle Bramhall II, son propre supergroupe texan qui partageait la même section rythmique que Storyville, à savoir Chris Layton et Tommy Shannon du groupe Double Trouble de Stevie Ray Vaughan, les Arc Angels. On retrouve également les maîtres percussionnistes Daren Hess, Kenny Aronoff et Stan Lynch, l’organiste Bukka Allen, le bassiste Sean Hurley et les choristes Betty Soo, Akina Adderly et Randy Garibay Jr. Les musiciens font parfois du rock pur et dur, d’autres fois ils colorent les paroles, offrant un support sympathique qui résume les histoires qui sortent de la plume et de la voix de McMurtry, accompagné de temps en temps par sa guitare acoustique.

Une autre pièce du puzzle est le retour de Ross Hogarth, qui était derrière les planches non seulement de Candyland et de Wasteland, mais aussi de A Piece of Your Soul de Storyville, en collaboration avec Grissom. Avec un CV qui comprend également les Black Crowes, Gov’t Mule, R.E.M., John Mellencamp et bien d’autres, Hogarth sait comment obtenir le gros son rock tout en gardant les paroles au premier plan.

À la première écoute, The Horses and the Hounds rappelle la plupart des autres albums de McMurtry, mais au fur et à mesure, de nouvelles textures apparaissent et s’installent dans le mélange comme si elles y avaient toujours eu leur place. La plus grande surprise est la façon dont les choristes sont utilisés, en particulier sur la chanson titre et « Ft. Walton Wake-Up Call ». Les contre-chants sur les deux chansons ajoutent une dimension inédite sur un disque de McMurtry.

Mais, comme toujours, ce sont les histoires et les répliques qui les colorent qui vous restent en tête longtemps après la fin de la musique : la cachette sous le chapeau du narrateur à l’arrière du bus dans « Canola Field » » ; la mule qui conduit un « Decent Man » vers son destin ; la « croix blanche dans le fossé d’emprunt » (white cross in the borrow ditch) ;où « Jackie sort de la route ». Ces moments et bien d’autres illustrent le niveau auquel McMurtry travaille et a toujours travaillé. Ils font aussi que The Horses and the Hounds valait bien l’attente.

***1/2

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