La pandémie a obligé tant d’entre nous à vivre notre quotidien à travers des écrans. De la télévision au téléphone portable et à l’ordinateur portable, les écrans ont défini l’isolement numérique. Cet état d’esprit a également défini la création de la dernière sortie du trio synth-pop écossais Chvrches, Screen Violence, le quatrième disque du groupe.
L’album, le premier du groupe depuis Love Is Dead en 2018, devrait sembler familier aux fans du groupe, mais il y a une croissance et une maturité supplémentaires pour Lauren Mayberry, Martin Doherty et Iain Cook à peu près dans tous les sens. Cela inclut l’écriture des chansons, la production et la performance. Screen Violence canalise également l’urgence et l’immédiateté qui rappellent les premiers travaux du trio.
Il y a aussi pas mal de matière à creuser ; trois des dix titres de l’album durent plus de cinq minutes. Le morceau d’ouverture, « Asking For A Friend », est un voyage musical et lyrique sur la résilience et le rebondissement. « Je ne veux pas dire que j’ai peur de mourir, je ne suis pas douée pour les adieux, je ne peux pas m’excuser » (I don’t want to say that I’m afraid to die/ I’m no good at goodbyes/ I can’t apologize), chante la chanteuse Lauren Mayberry sur les premières notes de synthé d’une grande simplicité. La chanson se construit lentement jusqu’à ce qu’elle devienne un paysage sonore synthé-pop, Mayberry répétant «Tu as encore de l’importance » (You still matter). C’est une étincelle électrique et entraînante dès le départ.
La plupart des fans auront déjà entendu l’hymne « He Said, She Said », un cri contre les deux poids, deux mesures, et le gazage d’une relation abusive. « Il a dit que tu avais besoin d’être nourrie, mais que tu devais surveiller ton tour de taille et que tu devais être belle mais pas obsédée » (He said you need to be fed/ But keep an eye on your waistline and/ Look good but don’t be obsessed), chante Mayberry avant de proclamer : « J’ai l’impression de perdre la tête encore et encore » (I feel like I’m losing my mind over and over). Ce titre est le plus court de l’album, mais il est aussi le plus percutant au niveau des textes.
En reavanche, « California » va offrir un refrain optimiste et contagieux avec un message introspectif sur la façon de surmonter la peur de l’échec. « Que Dieu bénisse ce gâchis que nous avons fait pour nous-mêmes / Tirez-moi dans l’écran à la fin » (God bless this mess that we made for ourselves/ Pull me into the screen at the end), chantera ainsi Mayberry.
Le groupe a ajouté beaucoup de cloches et de sifflets à son sunivers sonore au fil des ans, en mélangeant des instruments live et des percussions avec ses synthétiseurs caractéristiques. « Violent Delights » est un morceau mid-tempo percussif et rythmique qui monte et descend du couplet au refrain. Il comporte une contribution vocale de Doherty, qui ne chante pas souvent. Les percussions lourdes restent présentes sur le morceau « How Not To Drown », qui est porté par la voix de Robert Smith de The Cure. Smith et Mayberry se complètent bien sur ce morceau dramatique et mélodique.
Le titre « Final Girl », simple et cinématique, remplace les synthés et les boucles par une instrumentation analogique plus traditionnelle. Mayberry chante le doute de soi et la gestion des pressions extérieures, tandis que les Chvrches redoublent une fois de plus d’urgence musicale. Alors que les synthétiseurs reviennent en force sur la un « Good Girls », qui évoque la nécessité de se savoir défendre.
« Lullabies », morceau mid-tempo dynamique sur la solitude de l’isolement, nous ramène au thème principal de l’album et le dynamique « Nightmares » commencera comme une ballade sombre et inquiétante avant d’exploser dans un paysage sonore de synthés et de boucles percussives.
L’album se termine par « Better If You Don’t », qui se démarque complètement du reste de l’album, du moins au début. Elle s’ouvre avec Mayberry chantant sur un riff de guitare clair, avant que le rythme n’intervienne à mi-parcours, se transformant en un morceau de pop indie qui constitue la parfaite rampe de sortie de l’album. Les fans de Chvrches trouveront un bon équilibre entre le familier et le nouveau sur Screen Violence, un effort solide pour un groupe qui fournit continuellement un excellent matériel.
***1/2