Penny Novelettes est la toute nouvelle version et le dernier joyau à ajouter à la couronne de The Cleaners From Venus, alias Martin Newell, dont les récits intemporels sur la vie provinciale, de l’amour et de tous les points intermédiaires ont fermement établi son travail dans la grande tradition des auteurs-compositeurs-interprètes anglais.
S’inspirant de thèmes contemporains mais familiers aux adeptes de ce pionnier de l’underground DIY, l’album regorge d’histoires nostalgiques d’amour perdu et d’observations sur la vie quotidienne des Anglais. Comme le titre de l’album l’indique, les chansons de cette collection contiennent des histoires racontées de manière classique qui peuvent être considérées comme des vignettes individuelles de l’existence d’une petite ville ou comme un commentaire sur la société britannique moderne.
Le titre « Penny Novelettes » est le récit poignant mais léger d’un livreur démodé qui est « un retour à une époque bien antérieure » (a throwback to some much earlier time) et qui s’habille comme « le père de son père » (his dad’s dad), qui finit par trouver le grand amour avec une fille du coin, comme l’auraient fait les générations précédentes de sa famille. Évoquant la mélancolie de la meilleure œuvre de Ray Davis, l’acceptation par les personnages du fait que leur mariage ne doit pas être comparé à celui de Meghan et Harry met en évidence une acceptation sans réserve de leur chemin de vie et une incapacité à envisager que cela puisse changer un jour.
« Estuary Boys » dresse un tableau saisissant de la culture « dépensez comme vous gagnez » (spend as you earn) de la société britannique moderne. À la fin de chaque semaine, la vieille couronne ternie au-dessus de la ville brille sur ses habitants qui parlent de voyages en Thaïlande ou à Berlin et trouvent des clients pour le « Paco Rabanne à l’arrière de la camionnette » garée sur le parking du pub. La voix vive de Newell et l’instrumentation enjouée illustrent l’attitude joyeuse et insouciante de tous ceux qui ont l’expérience de cet élément de la vie britannique.
A l’opposé, « Flowers of December » est une évocation onirique de l’amour perdu, avec un thème instrumental insistant, des riffs de guitare qui s’entrechoquent et une voix éthérée. Le « cygne sans espoir » de la chanson qui nage dans la rivière semble incapable d’échapper aux souvenirs du passé qui laissent un désir ardent de jours meilleurs. Les effets et l’instrumentation tout au long de la chanson font penser à un morceau perdu depuis longtemps, extrait d’une session d’enregistrement inédite de Revolver.
Le commentaire social de « Statues » est couplé à un son qui rappelle l’apogée de la power pop. Les solos de guitare classiques et les harmonies vocales se combinent pour aborder des questions contemporaines telles que la pandémie de grippe, l’agitation sociale et l’aide financière aux pauvres. Les plaidoyers persuasifs de l’auteur en faveur du changement sont mis en valeur par une mélodie accrocheuse caractéristique et un arrangement dynamique.
Sur les 14 pistes de cet ajout bienvenu au catalogue considérable de Newell, Penny Novelettes capte l’imagination de l’auditeur en peignant une image des temps passés et présents, chaque chanson mettant en scène des personnages différents et dépeignant des événements à la fois exceptionnels et banals, afin de mettre en lumière les parties de la Grande-Bretagne que nous avons aimées et perdues et celles qui, pour le meilleur ou pour le pire, demeurent.
***1/2