The Flatlanders est une sorte de supergroupe réticent qui mérite bien la reconnaissance qu’il a pu obtenir. Composé de trois légendes musicales de l’État de l’étoile unique – Joe Ely, Jimmie Dale Gilmore et Butch Hancock et, depuis peu, du légendaire joueur de pedal steel et multi-instrumentaliste Lloyd Maines -, il n’a réussi à sortir que sept albums en tandem depuis sa création il y a près de 50 ans, ce qui fait de chaque nouvel album un événement. La preuve en est que le bien nommé Treasure of Love marque leur première collaboration depuis une douzaine d’années.
Cela dit, ce nouvel album ne constitue pas une rupture radicale avec le mode opératoire habituel du trio. « Je ne suis qu’un homme ordinaire », insiste Gilmore sur leur reprise bien adaptée de Leon Russell, « She Smiles Like a River ». Il en va de même pour la reprise de « Long Time Gone » de Tex Ritter, qui dégage l’honnêteté et l’humilité inhérentes à une approche que l’on ne peut qualifier que de modeste. Le fait que tous les titres de ce généreux coffret de quinze chansons, à l’exception de deux d’entre eux, soient des chansons d’autres personnes témoigne de leur désir de submerger leur propre ego et de rester fidèles à leurs racines. En effet, il s’agit d’une question d’inspiration. Par exemple, « Give My Love to Rose » est tellement fidèle à l’original qu’il serait difficile de faire la différence entre la lecture de Flatlander et le classique de Johnny Cash. On pourrait dire la même chose de leur version « down-home » et sans prétention du « Treasure of Love » de George Jones, en dépit de la voix grinçante de Gilmore. D’autre part, les entrées originales – « Satin Shoes » d’Ely et « Ramblin’ Man » »de Hancock – s’intègrent parfaitement et avec assurance aux standards qu’ils ont sélectionnés. Ce n’est pas un mince exploit si l’on considère l’éventail d’auteurs qui se succèdent dans la liste des titres – Bob Dylan, Paul Siebel, Earnest Tubb, Mickey Newbury, Tex Ritter et Townes Van Zandt, entre autres.
Il y a, pourtant, quelque chose de délibérément audacieux dans la tentative de recycler des standards bien usés comme « She Belongs To Me » de Dylan et en particulier le classique blues souvent repris « Sittin’ on Top of the World ». Le trio s’exprime avec une aptitude et une assurance qui non seulement rendent justice aux versions séminales, mais s’assurent également qu’elles correspondent à leur propre modèle. Cette dernière chanson, en particulier, devient un morceau de musique countrifiée qui se distingue de tout facteur de familiarité auquel on pourrait s’attendre.
Les fans des types hors-la-loi en général – Waylon, Willie et Johnny en particulier – trouveront une cause commune avec l’objectif des Flatlanders – à savoir, une appréciation robuste et durable de l’Americana essentiel sans le besoin de l’étiqueter comme quelque chose de nouveau, à la mode ou même opportun. Avec Treasure of Love, la révérence des Flatlanders pour leurs racines reste fidèle à son titre.
***1/2