The Go! Team: « Get Up Sequences Part One »

Ces éternels outsiders que sont The Go ! Team reviennent avec des rythmes endiablés et des airs de fête doux-amers, toujours aussi turbulents et exubérants. Des vies entières d’euphorie et de tristesse sont liées à la musique du combo. C’est particulièrement vrai pour le sixième album d’unge roupe, meurtri et effervescent, qui arrive dans l’ombre de la pandémie et de la mort du père de l’auteur-compositeur et producteur Ian Parton atteint de la maladie de Ménière diagnostiquée en 2019, un trouble de l’oreille interne qui peut entraîner des vertiges et une perte d’audition.

Toutefois, l’équipe Go ! Team a trouvé la force dans l’adversité et c’est un air de défi qui imprègnera Get Up Sequences Part One. Cette sensibilité apparaît au galop dans le vaillant cliquetis de mélodies et de samples de Parton ainsi que dans la voix de la chanteuse Ninja, qui frappe et virevolte à la manière d’une pom-pom girl avec des lames de rasoir dans ses pompons.

« World remember me now » (Le monde se souvient de moi maintenant), chante Ninja (de son vrai nom Nkechi Ka Egenamba) sur le morceau du même nom , titre qui ne sonnera pas comme une supplique mais plutôt comme un ordre. Ce sentiment de détermination à se lever et à compter pour quelque chose est renforcé par les grooves doux-amers de Parton. Ceux-ci sont tapissés de cuivres de fanfare, d’harmonicas détraqués et d’une symphonie de steel drums. Et ils sont teintés de cette sorte de douleur automnale qui ne peut être évoquée que lorsque la vie vous a donné quelques coups de pied dans les tibias.

Comme toujours avec la Go ! Team, cet enchevêtrement de rythmes, de refrains chantés en terrasse et de guitares qui partent en spirale dans l’éther, est maintenu par un esprit d’outsider. Cette qualité d’outsider a toujours été l’une de leurs forces les plus méconnues. Et cela nous ramène aux circonstances dans lesquelles le groupe de Brighton a été révélé au monde en 2004.

Il s’agissait, alors, point culminant de la vague post-Strokes et White Stripes de jeunes guitaristes teigneux. Ou, dans le jargon, l’âge d’or de l’indé de la décharge. Tout comme la Britpop, c’était l’un de ces moments inconfortables où l’industrie se fixait sur le passé plutôt que sur l’avenir. Et tout comme la Britpop s’est attachée à des années 60 dont on se souvient à peine, l’indé des décharges tente d’évoquer les excès gonflés du rock des années 70.

Il y avait beaucoup d’excès dans l’indie de décharge aussi – trop de chansons qui n’allaient nulle part, trop de musiciens s’efforçant d’être médiocres. Et puis est arrivé The Go ! Team pour montrer qu’il y avait une meilleure façon de faire. Ils ont été inspirés par Bollywood et le hip-hop autant que par Sonic Youth et Nirvana. Et ils ont saupoudré l’anarchie d’une sensibilité joyeuse et triste tout droit sortie des Carpenters, d’Abba et des Beach Boys.

Plus d’une décennie plus tard, l’indie a rejoint le grand incinérateur du ciel. Et pourtant, la Go ! Team perdure, résistant aux frondes, aux flèches et à la caricature qui s’est accumulée autour du groupe en tant que pourvoyeur d’hymnes de fête bidimensionnels. The Get Up Sequences Part One possède ses moments d’incandescence débridée, c’est vrai. Cependant, une énorme mélancolie s’en dégage également. « Heartbreak but I’m okay / I’mma wipe my tears, no fear this way » (Cœur brisé mais je vais bien / Je vais essuyer mes larmes, pas ce ne sront pas ici des larmes de peur), entonne le rappeur de Detroit IndigoYaj sur « Cookie Scene ». C’est un couplet dévastateur – sombre mais avec un brin de lumière. Et cela confirme que, pour ceux qui souhaitent couper leur vie en deux, The Go ! Team sont toujours les maîtres du couper-coller en matière d’élaborer sur la notion de hagrin d’amour.

***1/2

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