Modest Mouse: « The Golden Casket »

Malgré son titre quelque peu effronté, The Golden Casket nous montre un Modest Mouse imprégné d’optimisme. Ce groupe d’indie-rock vétéran a parcouru un long chemin depuis Strangers to Ourselves en 2015, un projet en gestation depuis longtemps qui a vu le « frontman » Isaac Brok s’agiter sur tout, des questions environnementales à la cupidité des entreprises – exprimée dans ses pensées habituellement embrouillées et éparpillées. Mais il a également montré comment la troupe du nord-ouest du Pacifique s’est installée confortablement dans un sens musical qui, malgré une durée de 77 minutes, prouve qu’aucune quantité de musiciens invités ou de producteurs ne peut remplacer la qualité à composer des chansons. Et, pour un groupe aussi idiosyncratique que Modest Mouse, c’était, à cet égard, un projet plus qu’intimidant.

Cela ne veut pas dire que leur septième album studio, et le premier en six ans, n’a pas la saveur hymnale qui a aidé à propulser leur « single » « Float On » vers un succès radio massif en 2004. Le groove dansant de « We Are Between » et ses paroles qui englobent tout le monde sont ce qui se rapproche le plus de ce succès, alors que les ceffluves de synthé de « Leave the Light On » ressemblent à ceux de Zooropa de U2. Dans les deux cas, Brock maintient une position positive et communautaire, qu’il soit prêt à accueillir les autres à bras ouverts ou qu’il chante à quel point il est bon d’être en vie.

L’essence même de lrxistence est explorée ici de différentes manières, un concept qui, selon Brock, ne vaut pas la peine d’être longuement médité. Sa joie semble naturelle et non forcée avec un « We’re Lucky » sur lequel il se sent privilégié d’apprécier ce que la vie lui offre au moyen de guitares sonnantes caractéristiques et d’une section de cuivres. La paternité est également au cœur de ses préoccupations, comme sur « Lace Your Shoes », un rocker émouvant et envolé où il décrit en détail les nombreuses façons dont il a hâte de voir son enfant grandir. Brock, cependant, est tout aussi préoccupé par le monde dans lequel il a inévitablement amené son fils et sa fille. Il n’est pas naïf face à la laideur de la vie quotidienne dans « Never Fuck a Spider on the Fly », où il critique les divisions politiques toxiques qui nous rendent plus fermés d’esprit. En revanche,e Brock partage toute l’étendue de ses appréhensions sur le morceau central de l’album, « Transmitting Receiving », où il parle de la manière dont la technologie nous contrôle et de la façon dont nous laissons faire – même si ses illusions le poussent à bout : « Rien dans ce monde ne me pétrifiera, nous nous répétons » (Nothing in this world’s gonna petrify me, we are repeating).

Bien que The Golden Casket montre Modest Mouse sous son jour le plus accessible et le plus mélodieux, un changement créatif qui a commencé avec Good News For People Who Love Bad News en 2004, ils reviennent à certains des aspects expérimentaux qui ont défini une grande partie de leurs premiers travaux. Les chansons punk-lite vigoureuses (« Japanese Trees ») s’équilibrent avec une palette sonore plus riche (« The Sun Hasn’t Left »), semblable à l’utilisation éparse de sons électroniques texturés que The National a utilisée sur Sleep Well Beast en 2017. Et bien que certaines de leurs idées ne se développent pas complètement, la diversification de leur son dans un cadre guitar-rock revitalise la dynamique du groupe.

Cette facette plus évidente de Modest Mouse peut continuer à rebuter les détracteurs qui apprécient leur travail des années 90, en particulier ceux qui aimaient leurs affectations sinueuses et post-rock. Cela peut être ressenti comme une perte, car ils étaient si bons dans ce domaine, bien sûr. Mais Brock n’a rien perdu de sa bizarrerie inhérente – ses tendances névrotiques sont même habilement intégrées aux sentiments du groupe. Le seul élément qui puisse apaiser tous les camps est le morceau de clôture « Back to the Middle », un rocker aérien et arpégé qui se transforme en un final explosif. Il termine l’album sur une note énigmatique mais excitante – juste assez ouverte pour qu’on ne sache pas exactement dans quelle direction ils nous emmèneront la prochaine fois. Et même si nous devrons attendre un bon moment pour leur prochaine sortie, ils prouvent une fois de plus que leur capacité à rester pérennes est indéniable.  

***1/2

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