S’il y a une personne capable de créer une comédie musicale de Broadway se déroulant dans l’espace, c’est bien Chrystia Cabral (connue sous son pseudonyme loufoque Spellling). Avec son troisième album, The Turning Wheel, Chrystia Cabral a poussé encore plus loin son affinité pour la théâtralité et les productions de science-fiction spatiales de ses deux précédents albums, créant ainsi son projet le plus maximaliste et somptueux à ce jour.
Le caractère grandiose de la production de The Turning Wheel est perceptible dès le premier morceau, « Little Deer », avec des sections de cuivres et de cordes qui accompagnent la voix aiguë de Cabral, comme si elle chantait devant une classe d’enfants. L’aspect Lewis Carroll des textes de l’album ne fait qu’accentuer cet effet, en particulier sur un titre comme « Emperor with an Egg », où elle chante l’empereur en titre, qui est aussi un oiseau.
Bien que Cabral aime s’aventurer dans les domaines mythiques et animaliers dans sa musique et ses paroles, elle est tout aussi enthousiaste à l’idée de garder les choses enracinées dans les questions humaines, traitant des difficultés des relations amoureuses dans des titres comme « Always » et la chanson titre « Turning Wheel ». Dans « Boys at School », d’une durée de sept minutes et demie, Cabral aborde les épreuves et les tribulations de la vieillesse du point de vue d’une adolescente, et le reste de l’album la voit trouver et comprendre son pouvoir dans la maturation avec un sens hanté de l’enchantement.
La fin épique de « Magic Act » ressemble presque à une reprise de « Real Fun » de son précédent album, Mazy Fly. Des moments comme celui-ci mettent en évidence l’amour de Cabral pour la théâtralité, mais aussi pour la pop et le rock analogique flous des années 80, créant ainsi un mariage sonore unique et défiant les genres. L’album est parsemé d’effets fantomatiques chargés de réverbération, ce qui rend presque impossible de ne pas visualiser l’espace dans lequel son spectacle de sorcière, hors du monde, devrait théoriquement se dérouler. C’est le spectacle de Cabral, et nous ne sommes que des spectateurs.
***1/2