Death Of A Cheerleader est le premier long play du groupe Pom Pom Squad basé à Brooklyn, coproduit par la chanteuse Mia Berrin et l’avant-garde des Illuminati Hotties, Sarah Tudzin. Aux côtés de ses camarades Shelby Keller à la batterie, Marie Alé Figman à la basse et Alex Mercuri à la guitare, Berrin imagine les banalités du lycée et les imprègne de fantaisie. Le résultat final est un condensé de tout, de la Riot Grrrl tardive et du Green Day de l’ère « Kerplunk » à la Motown et au Hollywood de Rita Hayworth.
Habillée de fleurs criardes et de pastels kitsch, la pochette de l’album fait un clin d’œil à l’esthétique d’un film de John Waters, tout en se rapprochant de la satire sèche de la scène d’ouverture de Heathers. Berrin pourrait bien être Heather Chandler alors qu’elle vous demande en mariage depuis une tombe peu profond ; et ce sera ainsi que Death Of A Cheerleader va commencer, avec les premières cloches gluantes de « Mr Sandman « des Chordettes ternies par des cavalcades de parasites. Ensuite, le « single » principal « Head Cheerleader », avec Berrin affirmant « Je vais épouser la fille la plus effrayante de l’équipe de pom-pom girls » (I’m gonna marry the scariest girl on the cheerleading team) car elle est la plus désirable lui permet de remettre en question l’expérience stéréotypée de l’adolescent américain.
Dans la délicieusement complaisante « Crying », Berrin encourage ses auditeurs à se vautrer dans la misère pour son propre confort et son propre plaisir, déclarant à propos du morceau : « Le personnage de cette chanson est essentiellement mon ego : la partie de moi-même qui n’apprend pas, qui fait constamment les mêmes erreurs, qui est excentrique, qui ne peut pas admettre qu’elle a tort, qui s’apitoie sur son sort et qui emballe le tout dans un nœud de la couleur de l’autodépréciation ».
Cette narration se poursuit avec les paroles acérées de « Lux », qui raconte l’histoire du personnage principal du film The Virgin Suicides de Sofia Coppola, qui boit du schnapps dans un « bal de lycée bondé » et meurt empoisonné au monoxyde de carbone. C’est l’un des morceaux les plus granuleux et rapides de l’album, les cris de Berrin donnent à Carrie Brownstein une poussée de pom pom pour son argent, en mordant « Je me sens nue sans enlever aucun de mes vêtements » (I feel naked without taking off any of my clothes). Des touches de shoegaze apparaissent dans des titres comme « Drunk Voicemail », tandis que des samples instrumentaux sucrés de « Be My Baby » des Ronettes sur « Foreve » » révèlent un désir ardent de connexion peau contre peau, alors que Berrin chantonne « I‘m your forever baby / tell me you are mine » (Je suis ton bébé pour toujours / dis-moi que tu es à moi).
Le style de Death Of A Cheerleader diffère de celui de leur précédent EP Ow, puisque les gémissements grunge « Live Through This » et le chant « quiet grrrl » de Berrin évoluent sur le motif chargé de l’album, alors qu’elle affronte ses histoires de passage à l’âge adulte pour se sentir bien dans sa peau.
La force de Pom Pom Squad réside dans son côté théâtral et dans le fait qu’il s’immerge joyeusement dans sa propre comédie. Il faut beaucoup d’habileté pour peaufiner un album aussi inextricablement lié à des références à la culture pop, mais Pom Pom Squad s’empare de ces influences et les bricole pour les adapter à sa propre esthétique Gen-Z. En d’autres termes, Death Of A Cheerleader est un tour de force qui porte un toast à tous nos « Dumb Bitch Selves » et, dans la plus pure tradition des Heathers », nous inciter nous lâcher de la manière la plus débridée possible.
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