L’un des principaux plaisirs de la critique musicale est de voir comment un artiste évolue et trouve sa voix. Il est certain que celle d’O’Caoimh (et quel instrument séduisant et doux) et ses talents de compositeur ont découvert une riche veine de forme sur ses derniers albums, alors que les premières offres avec The Citadels et son premier album solo étaient un peu inégaux. La collaboratrice régulière et choriste Aoife Regan est de nouveau présente, ainsi que Martin Leahy, qui semble être crédité de jouer d’à peu près tous les instruments et de s’occuper de la production.
« You Won’t Break Me » est une façon légère et lumineuse d’introduire le nouvel album, mais des chansons plus satisfaisantes et plus profondes suivent. « When My Kids Grow Too Old To Hold Hands » est l’un de ces exemples ; la simplicité des arrangements, des touchers grattés de guitare et de la voix toujours intime d’O’Caoimh est une formule gagnante et plus tard, la chanson éclate dans une belle séquence de cordes. « Desire Lines » est un autre point culminant ; des guitares countrifiées et des percussions brossées donnent à la mélodie beaucoup d’espace pour respirer et s’accrocher à l’auditeur.
Alors que l’album arrive à mi-parcours, l’effacé « Pocketful Of Doodling » s’orientera dans une direction plus jazzy qui est un délice, surtout lorsque Regan s’y joint. En même temps,le non moins excellent « When Did I Get So Cold ? » est un autre morceau qui évoque le charme des après-midi pluvieux (pour mémoire, la voix de la chanteuse n’a sans doute jamais sonné aussi chaude). Ces morceaux plus mélancoliques contrastent parfaitement avec le rythme soutenu de la chanson-titre et la dynamique calme et bruyante de « Untitled » . Le mérite en revient à « Slow Love », où les rythmes en staccato expérimentaux offrent une injection de cadence quelque peu inattendue (étant donné le titre).
Swim Crawl Walk Run est un album charmant et cohérent, qui met en valeur l’une des voix les plus attachantes de la pop/folk moderne actuelle. Pour les fans de Kings Of Convenience, ce disque méritera les trente-huit minutes d’isolement qu’il saura induire en nous.
***1/2