Pendant la période de confinement de la pandémie, Reid Karris, improvisateur bruyant de Chicago, a enregistré un certain nombre de morceaux à l’aide d’instruments de percussion divers, tels que des bols en métal, des boîtes à ressort et des skatchbox. Il les a envoyées au guitariste français Christian Vasseur, qui les a assemblées en ajoutant son propre jeu de mohan veena et des traitements électroniques (le mohan veena est une sorte de croisement entre un sitar et une guitare acoustique). Les résultats sont capturés sur les onze enregistrements que l’on trouve sur A Step in the Dark Stirs the Fire.
Le choix d’instrumentation de Vasseur et son style délibéré et soigneusement rythmé contrastent avec le chaos organisé de Karris. L’album dégage une impression de douceur et de folie, Vasseur pinçant des notes sur les percussions à base d’objets de Karris. D’autre part, les deux hommes ne sont pas opposés à prendre des tangentes librement improvisées qui impliquent des notes tordues, des grattages et des structures psychédéliques.
Sur au moins un morceau, Vasseur s’attache à transformer les contributions de Karris en un mur de son inhabituel, mais pas désagréable. Mais la plupart du temps, Vasseur représente un semblant de normalité rurale tandis que Karris ajoute des textures et des sons plus sombres et étranges en arrière-plan.
On pourrait dire que Karris et Vasseur se situent à des endroits différents sur plusieurs axes – pays, culture, instrumentation et style, pour n’en citer que quelques-uns. A Step in the Dark Stirs the Fire est une offre brumeuse et tordue qui fait un travail remarquable pour réduire la distance euclidienne entre les points représentant Karris et Vasseur dans cet espace multidimensionnel. Fortement recommandé.
***1/2