Envoûtant dans sa simplicité, Momentary Harmony de Lindgren est le genre de disque expérimental dont le label Recital est coutumier. Avec Sean McCann, la grosse pointure de Recital, et d’autres instrumentistes de renom, dont Maxwell August Croy (le propriétaire de l’impressionnant mais défunt label Root Strata), Momentary Harmony se savoure, constellé qu’il est d’un ensemble dinterprètes réputés aptes à saisir la vision de Lindgren.
Ceelle-ciest d’abord connue pour ses habitudes électroacoustiques et de field recording, mais Momentary Harmony explore la répétition à travers un large spectre, chaque composition capturant de manière similaire les rythmes naturels du monde extérieur. Il y a un impact spirituel et écologique lorsqu’on s’installe dans ce bijou d’album. « Interlute » est une mélodie déterminée que nous entendons d’une distance indéterminée ; le plumage et le cri qui l’accompagne ne peuvent être observés de près, mais doivent être perçus aveuglément de loin. « Punes » est un exercice vocal saisissant qui fait écho aux parois secrètes d’un canyon et qui se mêle à un bourdon subtil comme une pluie rafraîchissante et rinçante de la jungle.
Lindgren transforme les instruments en leur propre ensemble de sons trouvés et d’enregistrements de terrain. À une époque où la nature et l’homme semblent être de plus en plus en désaccord, ce sont les fortes rafales (parfois au sens propre) qui donnent l’impression que Mère Nature nous pousse avec une réelle détermination, nous giflant pour que nous nous réveillions face au défi actuel. Mais Momentary Harmony est généralement plus subtil que cela dans son exécution, mais le message n’est pas perdu dans ses tons plus calmes. Parfois, crier au-dessus du vacarme peut fonctionner pendant un moment, mais le sentiment humble et aiguisé de Lindgren, répété à l’infini, fait bien mieux avancer l’intrigue au fil du temps.
***1/2