Daniel M. Griffin : « You’re Gonna Lose Your Mind »

Le monde actuel vous déprime-t-il ? Prenez alors une pilule de machine à remonter le temps vers l’univers coloré et vibrant d’antan avec ce disque conceptuel en analogique de Daniel Griffin, You’re Gonna Lose Your Mind. Préparez-vous à un voyage dans le terrier du lapin, à l’égal d’Alice au pays des merveilles. D’abord, on vous dit que vous allez perdre la tête, ensuite, vous n’en reviendrez pas, vous vous retrouverez au Tea Party Mad Hatters Attention, la magie est encore plus grande dans les morceaux de sucre que vous prendrez avec vos tasses de thé sans fond. 

Comme, donc, cee Chapelier Fou cher à Alice condamné à prendre éternellement du thé par la Reine de Cœur parce qu’il a assassiné le temps, ce vocaliste a été métaphoriquement institutionnalisé à la « Dr Winslow’s Clinic », il cherche donc du réconfort dans une dimension parallèle qu’il peut imaginer et créer avec des instruments des années 60. 

Son médicament, outre Lewis Carroll, a été une diète intraveineuse du Magical Mystery Tour des Beatles. L’influence de Lennon est particulièrement frappante au début et à des moments clés de la gamme vocale de Griffin. Assis dans un jardin anglais, attendant le soleil, ce natif de l’Ohio a très probablement gelé à force de rester debout dans la neige. La réverbération de la voix ajoute une touche surréaliste à ses paroles et à ses inflexions, comme s’il chantait à travers le miroir. 

Griffin jette les bases de son shangri-La imaginaire dans le lucide « There’s A Place You Can Go », en chantant « Je ne sais pas tout ce qu’il y a à savoir mais je sais que ces endroits n’existent pas, en dehors de votre esprit… » (I don’t know everything there is to know but I know these places don’t exist, outside your mind…).

Dans cet air réjouissant qu’est « A Thousand Symphonies », Daniel Griffin décrit le fruit de son imagination sous influence médicale : « et bien que je ne puisse pas bouger, tous les détails étaient fluides. Je voyais les touches et elles bougeaient à leur guise… mille symphonies et la foule était à genoux… » (and though I couldn’t move, all the details were smooth. I saw the keys and they moved as they pleased…a thousand symphonies and the crowd was on her knees…).

« Digital Faultline » atteint un point culminant de transformation dans le disque, où l’on peut se sentir glisser subrepticement mais définitivement dans une dimension d’un autre monde. Cette étrange vibration atmosphérique oscille et repose dans les tonalités de la chanson et, bien que fermement ancrée dans une autre époque, elle présente des similitudes avec le morceau d’ouverture du disque de Granddaddy, The Sophtware Slump, elle déclenche des sensations organiques.

Dans ce labyrinthe intemporel d’indices, de couches et de métaphores décalés et imprévisibles, c’est à l’auditeur de relier les points pour donner un sens à sa propre expérience, ce qui est l’un des atouts d’une œuvre d’art car celle-ci ne doit jamais être auto-explicative mais plutôt laisser place à l’interprétation personnelle, ce qui implique une stimulation et une expansion de l’esprit. Victor Hugo a dit que l’imagination était « l’intelligence en érection ». Ce disque est un rappel intelligent de chercher quelque chose de sous-jacent dans tout ce que nous entendons.

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