Ces deux dernières années ont ressemblé à une nouvelle période dorée de la musique britannique avant-gardiste. On a , ainsi, assisté à une fascinante collision sonore entre l’indie, le jazz, le post-punk, l’art-rock et l’avant-pop qui a donné naissance à diverses énigmes musicales telles que Black Midi, Black Country, New Road, Shame, Dry Cleaning et les diverses incarnations jazz de Shabaka Hutchings. L’esprit d’expérimentation et la volonté de repousser ou d’ignorer les frontières et les limites des genres traversent ces groupes et bien d’autres, qui font entrer la musique dans le XXIe siècle.
Formé à Brighton, Squid a signé sur le légendaire label électronique Warp pour son premier album, signe de sa propension et de sa capacité à mêler la danse à l’art rock intellectuel et aux paysages sonores d’avant-garde. Cela peut sembler être une recette pour un son désordonné, mais la force du groupe réside dans sa façon de gérer ces sons, de laisser de l’espace lorsque c’est nécessaire et de se laisser aller à des rafales de rythmes, de discordances et d’émotions fortes lorsque les chansons l’exigent.
Le chanteur principal, Ollie Judge, possède une voix imposante qui aboie, jappe et chante de temps en temps, ce qui peut dissuader certains auditeurs potentiels. On retrouve clairement le style déclamatoire (et parfois obtus) de Mark E Smith ainsi que de James Murphy de LCD Soundsystem. Judge utilise une gamme d’approches stylistiques de sa voix – sur « Documentary Filmmaker », il canalise même ainsi l’austérité lunatique de Paul Banks d’Interpol, un répit pour ceux qui préfèrent une approche plus traditionnelle.
***1/2