Quatre ans après son précédent disque,Value, Visionist (alias Louis Carnell), est de retour avec les paysages sonores ambients et les textures abrasives qui ont caractérisé ses précédentes sorties. Cependant, sur A Call To Arms, Carnell ajoute son propre chant, ce qui crée un contraste intéressant entre les paroles douces qui incitent à la réflexion et le ton plus expérimental de la musique.
Le morceau d’ouverturen « By Design », présente deux parties bien différentes, le sample vocal strident et la livraison nerveuse de la première moitié laissant place à quelque chose de plus serein, des échantillons de guitare soulignant une clé majeure et un registre inférieur réconfortant. Les deux parties sont reliées par un son de basse lourd qui, à certains moments, menace de dévorer le morceau, complété par des harmoniques perçantes.
« Allowed To Dream » est un morceau instrumental qui passe également par de nombreuses étapes, utilisant des grondements inquiétants et des boucles de bande distordues qui se superposent pour créer un chaos assez glorieux.
Pendant ce temps, « The Fold », avec Haley Fohr, mélange une séquence de piano sinueuse et des paroles chargées de résignatio : « oublié, trempé par la pluie / une ombre de soi-même, mort en vain / parce que je ne peux pas donner plus » (forgotten, doused in rain / a shadow of oneself, died in vain / ’cause I can’t give no more) avant que, de manière plutôt appropriée, le son du piano ne commence à se décomposer et à se déformer.
Le ton général du disque est inquiétant, car même dans les passages les plus doux, la brutalité et la désolation ne sont pas loin. « Winter Sun » en est l’exemple le plus frappant, ses nappes douces sujettes à des interférences de haut niveau annulant leur qualité méditative, suivies d’une boucle de synthé discordante qui complète la coda. Cast, qui suit directement, est le parfait nettoyeur de palette avec des boucles de piano béates et le genre de conception sonore brumeuse qui évoque de vieilles images et des souvenirs fanés d’une époque plus simple.
Avec A Call To Arms, Carnell a pris un risque qui s’est avéré payant : sa voix complète à merveille des compositions à la fois troublantes et magnifiques.
***1/2