Armament est le troisième album solo de la violoncelle de Mariel Roberts et il fait suite à Cartography, paru en 2017. Écrire sur sa musique est un défi, car elle étire les notions de ce que les sons de son instrument devraient et peuvent être utilisés pour faire. Sur quatre pistes dont la durée varie d’environ cinq minutes à plus de dix-sept, Roberts utilise des archets et des plumes traditionnels, des techniques étendues et des traitements électroniques pour créer un ensemble multicouche.
En effet, il n’est pas évident au premier abord qu’il s’agisse d’un album de violoncelle solo. Souvent, son jeu manuel joue un rôle de second plan face à des vagues de murs de bruit. La mélodie cède la place à la texture et aux formes abstraites, même si l’on est capable d’identifier quelques notes individuelles qui suivent un modèle lâche ou sont librement improvisées.
Elle est percussive, utilisant le corps du violoncelle pour créer des impacts qui se fondent en raclements, grattages et grincements. Ces derniers sont accompagnés de boucles et d’échos, de notes longues et de drones multipistes denses.
Mais ce qui est le plus convaincant dans Armament, c’est la façon dont il fonctionne dans son ensemble. Enregistré en 2019, il y a une tension sous-jacente qui capture notre malaise et notre anxiété pré-pandémique. Son jeu plus agressif est parallèle à celui des événements actuels, de manière expositive plutôt qu’approbatrice. Dans sa discordance, Roberts évoque un monde qui a mal tourné – peut-être un précurseur involontaire de cette année funeste et presque perdue qu’est 2020.
***1/2