« C’est l’album le plus intentionnel que j’ai fait », dit Chris Garneau. « Ces chansons couvrent une fenêtre de temps très spécifique pendant laquelle je me remettais essentiellement de décennies de traumatismes. »
Sur son cinquième album, The Kind, Garneau déterre des souvenirs profondément enfouis. Reflétant, savourant et libérant les blessures émotionnelles de l’enfance, à l’exemple d’un « Not the Child » qui perce délicatement l’intrigue de The Kind. Soutenu par la voix angélique de Garneau et une instrumentation luxuriante, le titre est une ode émouvante à la jeunesse, à l’enfance homosexuelle et à la traversée des chemins tortueux de l’âge adulte dans la mesure où il évoque des siècles de comportements, de codes, d’homophobie intériorisée, de constructions sociales, de relations intimes et de secrets, d’obscurité et de guérison.
En fin de compte, « Not the Chil » » parle de l’obtention de la clarté et du contrôle de sa condition de vie. Il n’y a pas de zone grise autour de sa liberté en tant qu’adulte d’autant que Garneau souligne que, « en tant qu’enfant, cependant, nous ne sommes pas libres, nécessairement, parce que les enfants n’ont pas toujours une voix. En tant que personne ayant subi un profond traumatisme dans son enfance, j’ai toujours eu à cœur de défendre ceux qui sont sans voix. Dénoncer les injustices est et a toujours été notre devoir. »
Tournée autour de la maison de Garneau dans le nord de l’État de New York, la vidéo retrace son enfance homosexuelle jusqu’à son âge adulte actuel. Réalisé par Jeremey Jacob avec la direction des mouvements de Jack Ferver, Garneau danse entre divers paysages fantastiques, coiffé d’une couronne florale, évoquant l’innocence et la douleur, à travers les différentes époques de sa vie. Jacob ayant construit la majeure partie de la vidéo à la main, Jack Ferver s’est ensuite appuyé sur le mouvement et sur ce qu’il fallait faire autour de « Not the Child ».
Il n’y a pas eu de précipitation avec The Kind. Écrit et enregistré entre août 2018 et août 2020, Garneau a rassmblé une collection de chansons, travaillées ensuite « à la méin »
L’entreprise a donné lieu à une exécution moins intentionnelle et moins cohérente sur le plan des paroles : « Je n’étais pas dans un très bon état créatif et cela a affecté le travail en studio. »
Produit par Patrick Higgins, la majeure partie de The Kind a été enregistrée en direct et tout est essentiellement produit dans sa forme la plus vivante. De nombreuses prises de voix et de piano ont eu lieu simultanément, un peu comme pour son premier album alors que chaque chanson était complète, entièrement écritel’entrée en studio sans changement d’accord de dernière minute ou de réécriture des paroles, ce qui a permis une producion où la forme et la structure sonore étaient à leur plus haut potentiel.
Tout est, dailleurs, représentatif de l’histoire de Garneau, jusqu’au titre de l’album, faisant référence à différents sentiments, comportements et codes.
Ainsi, le matériel contenu dans les morceaux de l’album parle beaucoup de la capacité que l’on a en tant que personne libre, notamment en tant que personne blanche libre, d’accepter et d’assumer la responsabilité de notre condition de vie : « La peur de ne pas être à sa place s’arrête une fois que vous avez compris comment vous êtes à votre place ici et ce que cela signifie réellement, et cela a très peu à voir avec les autres. »
Garneau ajoute : « J’ai toujours eu des problèmes profonds avec mon sentiment d’appartenance et je n’ai jamais été le genre de personne capable de parler en surface ou d’exister en eau peu profonde. »
Selon lui, les people pleasers sont difficiles à accepter car on ne peut jamais plaire à tout le monde. Ils finissent par donner à la plupart des gens trop peu d’eux-mêmes et ils se retrouvent dans une situation difficile qui est de ne jamais s’être vraiment montrés pour eux-mêmes ou pour les gens dans leur vie et, Garneau le souigne : « Nous ne pouvons pas distribuer de petits morceaux de nous-mêmes à des milliers de personnes. Dans toutes nos relations, nous devons protéger les choses, établir et maintenir des limites, construire lentement la confiance et la maintenir en permanence. »
Réfléchissant à ce que signifie être une bonne personne, il dit qu’il y a beaucoup d’idées fausses, chacun étant enveloppé dans sa propre « persona » ou ses affichages sociaux : « Je suppose que c’est pour cela que je vis à distance et que je vois aussi peu de gens que possible », dit-il. « Cet album parle beaucoup du genre de personne que l’on peut et que l’on veut être, et de l’intention et du but que l’on poursuit pendant que l’on est brièvement ici sur cette planète magnifique et follement violente.
Écrite après Yours, chaque chanson est nouvelle pour l’album et représente un énorme changement dans sa vie. La première, « Not the Child », a été composée durant l’été 2018 pendant plusieurs changements de vie majeurs. Garneau venait de quitter son partenaire depuis huit ans, de déménager de la Californie et d’apprendre que son père était mourant, tout cela alors que son album, Yours, était sur le point de sortir. Se sentant complètement déconnecté de Yours, à l’hiver 2019, d’autres chansons ont commencé à jaillir pour The Kind.
« J’ai commencé à faire mon travail le plus fort et les chansons sortaient les unes après les autres pendant environ six mois d’affilée » , dit-il. « Le travail était très axé sur la guérison de décennies de traumatisme, en regardant les vérités qui se cachent sous ma honte et ma culpabilité. Mon père est mort. J’ai continué à écrire et à écrire. J’ai essentiellement commencé à faire le deuil de toute ma vie d’une manière que je n’avais jamais connue auparavant. »
Il ajoute : « Cela m’a vraiment ouvert à écrire sur des choses qui comptent vraiment. J’étais extrêmement brut. J’avais l’impression d’avoir à nouveau 20 ans, mais j’en ai presque 40, alors c’est cool et bizarre. Mais ce qui change le plus maintenant, c’est que je me sens complètement maître de ma vie. »
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