God Is an Astronaut: « Ghost Tapes #10 »

Le groupe instrumental irlandais, God Is An Astronaut atteint une sorte de repère dans sa carrière avec la sortie de son dixième album studio Ghost Tapes #10. Celui-ci ravive le line-up classique du groupe avec Jamie Dean au piano et à la guitare, reprenant là où le quatuor s’était arrêté en 2018.

L’album se met en route avec le titre d‘ouverture, « Adrift « , qui démarre avec un jeu de guitare typique de GIAA. Au début, on pourrait être tenté de décrire la chanson comme un énième gribouillage instrumental stéréotypé, pourtant, au bout de 2 minutes, les choses commencent à devenir vraiment intéressantes. Tout d’abord, la batterie prend une tangente breakbeat sauvage et le riff dissonant vous fait monter en puissance. Un peu plus tard, les synthés prennent une place plus importante, tandis que l’accroche de la chanson, pour tous les amateurs de post-rock, est la coda apaisante de synthés et de piano éthérés. Oui, c’est exactement le point fort du groupe pour lequel on l’aime.

Après l’album de 2010, Age of the Fifth Sun, le groupe a été « consulté » de manière aléatoire. Les deux derniers albums studio, Helios I Erebus (2015) et Epitaph (2018), sont plutôt corrects mais ils n’ont pas exactement livré un knock-out technique, cependant – pas comme ces quelques sorties plus anciennes. Certains titres individuels géniaux sont venus et sont repartis ces derniers temps, oui, mais on ne peut qu’être enclin à affirmer qu’aucun d’entre eux n’a pu égaler l’impact du titre obsédant, «  Burial « , sur ce nouvel album. Le morceau commence presque comme un instrumental stéréotypé de Boards of Canada, de type leftfield-electronica. Rapidement, l’électronique cède la place à la luminescence de la guitare, marque de fabrique du groupe, qui alterne avec un piano retardé très évocateur et des arpèges de synthétiseur décalés – et POW ! Et,avant même qu’on ait pu s’en rendre compte compte, jon se retrouve au tapis.

Le troisième morceau de l’album, « In Flux », prend gentiment son élan, galopant en rythme 7/8, jusqu’à ce que la chanson explose dans un maelström de riffs d’émotion. Peut-être que c’est la signature temporelle étrange ou un brin de nostalgie, mais pour moi, la chanson résonne avec la forte aura du morceau d’ouverture, « Radau », sur l’album Far From Refuge du groupe. On ne peut qu’en être ravi tant la musique instrumentale a le potentiel d’évoquer des illustrations mentales par défaut – et God Is An Astronaut n’est rien moins qu’éminent dans l’art de peindre des images avec la musique.

« Spectres » et « Fade » sont tous deux de beaux morceaux post-rock uptempo, avec peut-être une sensation de conduite plus forte que celle que l’on rencontre habituellement dans un morceau post-rock stéréotypé. Certains puritains du genre nous condamneraient fortement d’avoir étiqueté God Is An Astronaut comme un groupe de post-rock ; disons que le quatuor irlandais fait du post-rock dans le même esprit que le groupe allemand Long Distance Calling Ils opèrent tous deux avec des éléments sonores post-rock mais n’ont pas la qualité inhérente, la marque de fabrique de tant de « vrais » groupes de post-rock – cette sensation d’ennui d’aller nulle part, au ralenti.

Ghost Tapes #10 a le sens d’une narration globale, l’intrigue s’épaississant vers la fin. L’avant-dernier morceau, « Barren Trees », s’élève vers des sommets émotionnels avec l’aide des produits sonores du groupe – comme au bon vieux temps ! La chanson ressemble à un plongeon insouciant dans un espace infini ou à une voix bourdonnante provenant du désert des rêves – en apesanteur et très immersive.

L’album s’achève sur le titre de clôture méditatif « Luminous Waves », avec le virtuose du violoncelle de quête Jo Quail. La chanson est essentiellement un magnifique dialogue entre une guitare arpégée et des legatos de violoncelle. Lorsque la dernière note se dissout dans l’air, on ne peut m’empêcher d’éclater d’un sourire niais qui ne manque pas de donner toutes les apparences du plaisir. Sur leur nouvel album God Is An Astronaut démontre qu’ils n’ont pas perdu la vieille magie qui m’a tant fait apprécier leurs premiers albums. En fait, ce nouvel opus est si convaincant que l’on va peut-être devoir donner une autre chance à ces albums intermédiaires.

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