Ce qui est souvent promis ne tient pas ses promesses, et ce n’est qu’à cause de l’attente que nous voyons cette chute du haut que nous avions envisagé, que nous avons pris pour acquis que la rencontre initiale avec le paria et l’individu ne serait rien d’autre qu’une aventure d’une nuit en compagnie de l’excentrique et du non conventionnel.
Cependant, ce que nous ne comprenons pas souvent, c’est que le non-conventionnel est un personnage à part entière, qui a une existence dynamique, et qui ne nous oblige pas à spéculer sur la façon dont il est perçu, car il est son propre critique, son maître, son commandant et son serviteur, et ce pour son propre plaisir, et pour cela nous devrions l’admirer activement plus que ceux qui cèdent aux conventions sur le dos d’une œuvre d’art bien reçue.
Rakes & Misfits, les individus, les non-conformistes, c’est à ces beaux rebelles que nous devrions lever notre chapeau, que nous devrions saluer de tout cœur plutôt que la frénésie d’applaudissements que nous donnons si souvent avec des penchants quasi-sycophanes, et pour Cohen Braithwaite-Kilcoyne, ce geste d’extrême bonne volonté et d’honneur est attendu avec impatience après son retour dans l’arène de l’exploration musicale dans son deuxième album, Rakes & Misfits.
Nous chantons des chansons par respect pour les exclus de la société, nous prêtons allégeance à leur histoire et nous les rendons célèbres, à ceux qui vont à contre-courant et qui pourtant divertissent avec passion, il n’y a pas de plus grand culte du héros que de résister à l’épreuve du temps, et dans son nouvel album, les exclus et ceux qui cherchent un abri en dehors de la nature conformiste de la société sont les légendes auxquelles nous cherchons des liens de parenté, et à travers des titres tels que « The Jolly Highwayman », « Female Rake/The Drunken Drummer », « The Dancing Tailor », l’excellent « Countryman in Birmingham » et « From Marble Arch To Leicester Square », Cohen Braithwaite-Kilcoyne donne vie aà ses personnages et à son art avec une incroyable persuasion, de telle sorte qu’ils deviennent votre meilleur ami, ceux qui existent non seulement dans votre esprit, mais dans votre âme.
Cohen Braithwaite-Kilcoyne joue comme il le souhaite, de cela il n’y a aucun doute, refusant de faire partie d’une culture dominante, regardant plutôt dans son propre cœur et son esprit pour voir ce qu’il peut trouver tapi dans l’ombre plutôt que d’ajouter à la persistance exagérée et surjouée dont jouissent les autres. Un album, un artiste, c’est son propre héros formidable, le râteau peut-être, l’inadapté peut-être, une légende en devenir, absolument.
***1/2